Alors que la série Kingdom Hearts fête cette année son quinzième anniversaire, Square Enix et La Fée sauvage se sont engagés dans une tournée mondiale pour en célébrer les musiques dans un grand concert symphonique. Un long rêve enfin devenu réalité pour la compositrice Yôko Shimomura. La tournée s’est arrêtée les 18 et 19 mars à la salle Pleyel, à Paris, où nous avons pu y assister.
Ce « Kingdom Hearts Orchestra World Tour » opte pour une formule très proche de ce qu’est Distant Worlds pour Final Fantasy… et ce, pas uniquement pour le prix élevé des places et des produits dérivés (ceux qui souhaitaient acheter le disque et le programme du concert devaient ainsi débourser 70 €). Car plus qu’un concert symphonique où les musiciens sont le centre de toutes les attentions, il s’agit d’un show de musique amplifiée à grand renfort de vidéos tirés des jeux, dans le but de faire vibrer la corde sensible des fans venus en nombre y assister ; pour beaucoup d’entre eux, il s’agissait sans doute du premier concert en présence d’un grand orchestre avec son chœur, et l’enthousiasme était palpable.
Certes, ce choix de formule entraîne également un spectacle très convenu et sans véritable surprise, principalement axé autour de courts morceaux relativement proches de leurs versions d’origine. Fort heureusement, les arrangeurs sont des habitués de la musique de Shimomura, à savoir Kaoru Wada, Natsumi Kameoka et Sachiko Miyano (plus Sôhei Kano pour un morceau). On notera également l’effort accompli pour proposer quatre medleys d’une dizaine de minutes, ayant chacun sa thématique : les thèmes des mondes, de combat, des personnages et des combats de fin. Pour autant, et bien que plaisants, ces medleys sont paresseux et décousus, voyant simplement se succéder les thèmes un par un, sans vraie ligne conductrice, originalité ou ambition musicale, et avec parfois des juxtapositions poussives ou disgracieuses ; notamment dans le pot-pourri des thèmes de combat.
Le seul à tirer son épingle du jeu est celui des thèmes de combats de fin, arrangé par Sachiko Miyano. Il affiche en effet une meilleure cohérence grâce à l’approche sombre et séduisante des musiques d’origine, à leur meilleur développement sur la durée, et surtout à la présence du motif récurrent de « Destati ». Le finale, voyant surgir « Dark Impetus » de Birth by Sleep, constitue un splendide moment aérien porté par le solo du premier violon.
Le programme alterne assez justement entre les grandes facettes de la musique de Kingdom Hearts, de la joie à l’inquiétude des combats jusqu’à la profonde tristesse. Il puise assez généreusement dans des arrangements déjà existants, tirés soit des jeux eux-mêmes (dont les versions orchestrales de « Hikari » et « Passion »), soit de précédents albums tels que drammatica et memória!, ce qui apporte quelques valeurs sûres : « Twinkle Twinkle Holidays », toujours aussi radieuse, et bien sûr « Vector to the Heavens », fabuleusement poignante dans sa réorchestration signée Sachiko Miyano. Mais les tout nouveaux arrangements, eux, sont bien frileux et comptent peu de tentatives mémorables.
Les deux meilleures surprises sont sans doute « Fate of the Unknown », absolument fidèle à l’originale déjà excellente mais rehaussée d’une batterie étonnamment efficace, et « Wave of Darkness » provenant du tout récent Kingdom Hearts 0.2 Birth by Sleep, et dont l’orchestration frénétique, à défaut d’être subtile, est tout à fait haletante. Sans la batterie de l’originale, elle se révèle finalement plus majestueuse, notamment dans sa très belle partie finale.
Cependant, on ne soulignera jamais assez la tristesse d’assister à un concert symphonique amplifié dans la salle Pleyel qui, pendant très longtemps, n’a jamais eu besoin de cela. Entre autres conséquences, un son forcément criard et peu naturel, mais surtout les bruits démultipliés des musiciens : souffles, grincements, pages des partitions qui tournent, d’autant plus audibles dans les moments les plus calmes, ce qui distrait forcément l’oreille. C’est là toute la limite de ces événements qui tiennent davantage du grand spectacle son et image que des concerts symphoniques : les qualités acoustiques sont bien peu prioritaires. La formation choisie était d’ailleurs inconnue au bataillon (très loin des « orchestres professionnels de renommée internationale » promis par le site officiel), mais elle a assuré son travail de manière correcte sous la baguette du chef Aurélien Azan Zielinski.
Yôko Shimomura elle-même était bien sûr présente, et (forcément) accueillie sur scène par une impressionnante ovation du public. En dehors de ses interventions trop courtes et plus que téléphonées, elle a tout de même offert une belle surprise au public en allant s’asseoir au piano pour ce qui faisait office de rappel : « Fantasia alla marcia » de Kingdom Hearts II, final plus qu’idéal tant il s’agit sans doute du thème de générique de fin le plus éblouissant de la série. Le voir joué avec Shimomura elle-même au piano, quand bien même elle n’a rien d’une professionnelle (elle est la première à le reconnaître), est forcément une belle expérience. Mais ce n’était que l’une des trop rares originalités de ce show qui, bien que plaisant, aurait mérité davantage d’éclat et de personnalité.
Je dois avouer que je le sentais assez comme ça
J’ai assisté à quelques concerts et c’est toujours le même schéma : chanson, vidéo l’accompagnant, petit intermède de blabla
C’est efficace mais il y a manière et manière de le faire
« tristesse d’assister à un concert symphonique amplifié dans la salle Pleyel qui, pendant très longtemps, n’a jamais eu besoin de cela. […] un son forcément criard et peu naturel, mais surtout les bruits démultipliés des musiciens : souffles, grincements, pages des partitions qui tournent »
C’est exactement ce que j’ai ressenti.. Pourquoi mettre une sono ? pourquoi ? Y a-t-il une réelle explication ?
Impossible de se concentrer sur la musique et les musiciens… Un son affreux, pire que d’écouter un CD tranquille dans sa voiture sur l’autoroute.
Le hautbois lance un solo ? pas moyen de savoir où il se trouve. A la provenance du son, il est au plafond.
Vivement le concert de juin à la philharmonie ! Là, ils n’iront pas faire l’hérésie de mettre de micro…