Un nouveau volume des berceuses vidéoludiques de Gentle Love (Norihiko Hibino)

Le duo Gentle Love, composé de Norihiko Hibino (saxophone) et Ayaki Saito (piano), publie aujourd’hui une suite à son album de reprises sorti il y a un an, Prescription for Sleep: Game Music Lullabies.

Ces reprises s’inscrivaient dans la continuité des travaux de Hibino sur les vertus thérapeutiques de la musique, et conciliaient cet aspect de son œuvre avec le monde de la musique de jeu vidéo, dans lequel il a connu ses plus grands succès. Sa suite, sobrement intitulée Prescription for Sleep: Game Music Lullabies Volume II, prolonge bien évidemment cette démarche, en proposant une nouvelle fois des relectures de quelques fameuses musiques de jeu sur un ton jazzy très doux et calme, propice à l’apaisement. Une composition originale conclut par ailleurs la tracklist, que voici :

01 Kids Run Through the City Corner – Final Fantasy VI (musique originale Nobuo Uematsu)
02 Troian Beauty – Final Fantasy IV (musique originale Nobuo Uematsu)
03 The Streets of Whiterun – The Elder Scrolls V: Skyrim (musique originale Jeremy Soule)
04 The One Who Is Torn Apart – Xenogears (musique originale Yasunori Mitsuda)
05 Courage Under Fire – Shovel Knight (musique originale Jake Kaufman)
06 The Moon – DuckTales (musique originale Hiroshige Tonomura)
07 Scattering Blossoms – Chrono Trigger (musique originale Yasunori Mitsuda)
08 Oath to Order – The Legend of Zelda: Majora’s Mask (musique originale Kôji Kondô)
09 Snake Eater – Metal Gear Solid 3: Snake Eater (musique originale Norihiko Hibino)
10 Close Up – Composition originale

L’album est disponible dès maintenant en téléchargement sur loudr et iTunes, et à l’écoute intégrale sur Spotify.

Press Start 2011 : Compte-rendu

Le 14 août dernier, Clément et moi-même nous sommes rendus pour la première fois à un concert Press Start, le sixième de la série depuis sa création en 2006.

[Programme détaillé du concert]

Ce qui donne sa couleur à ce concert, c’est d’abord son programme, presque exclusivement constitué de musiques de jeux japonais, dans la lignée des Game Music Concerts (1991 à 1996), mais aussi son comité de production composé de personnalités toutes en lien avec le jeu vidéo : Kazushige Nojima (scénariste), Nobuo Uematsu (compositeur), Masahiro Sakurai (créateur), Shôgo Sakai (orchestrateur et compositeur) et Taizô Takemoto (chef d’orchestre).

Cette année, il faut avouer que l’on attendait particulièrement le trio Xenoblade, NieR et El Shaddai, trois jolies révélations de l’année passée, et on n’a pas été déçu. La participation de Tomori Kudô, Chico (ACE) et de Manami Kiyota en tant qu’interprètes a ajouté plus de puissance à un medley Xenoblade déjà très vivant et varié. Certains diront que c’était « trop proche des versions originales », on leur répondra que l’argument semble un peu désuet en 2011, alors que la plupart des musiques de jeu sont enregistrées en studio ou avec des instruments virtuels extrêmement réalistes. De la même façon, le medley NieR a bénéficié de la douce voix d’Emi Evans, sans qui la musique de MoNACA n’aurait pas la même couleur, pour un résultat enchanteur. Si le medley d’El Shaddai n’a vu personne s’ajouter à l’orchestre philharmonique de Kanagawa, la patte du compositeur Masato Kouda était elle bien perceptible, comme s’il était présent sur scène. C’était personnellement mon premier contact avec la musique de ce jeu, mais il a été suffisamment fort pour estomper les critiques un peu fraîches entendues à son sujet et je jure d’y jeter une oreille attentive dès que j’en aurai l’occasion.

En dehors de ce trio gagnant, le medley Final Fantasy IV et « Toberu Mono » comptent parmi les succès « gagnés d’avance » du concert. Le premier a été l’occasion d’apprécier à l’orchestre la superbe « Into the Darkness », le thème de combat, le « thème principal » (thème de carte) ou encore « Rydia » ; le second d’entendre une interprétation très fidèle de la chanson-thème de The Last Story par la chanteuse Kanon. Lors de la séance du soir, ces deux pièces ont d’ailleurs été jouées sous les yeux du créateur des jeux en question, Hironobu Sakaguchi, qui a même été appelé sur scène pour une discussion très détendue avec Uematsu et Nojima.

L’orchestration de Spelunker n’avait rien de bien surprenant car ses mélodies ont été fidèlement reproduites, un peu comme dans l’album Pia-Com II, mais le public a beaucoup ri en réaction à l’apparition récurrente et inopinée du thème de « Game Over ». Même sans avoir fait le jeu, on pouvait deviner qu’il avait de quoi « offrir du challenge aux aficionados de jeux de shoot », comme disent les journalistes.

En rappel, pas un mais deux morceaux ! Le premier, un medley Xenogears, a arraché des cris de surprise à de nombreux spectateurs et de beaux souvenirs à bien d’autres. Le second, un medley Kid Icarus, m’a fait hurler de joie – intérieurement –, car j’adore Hirokazu Tanaka, dont la musique est rarement interprétée à l’orchestre.

Petit bémol personnel : certaines pièces m’ont semblé un peu décousues, notamment le medley Super Mario Galaxy… Difficile de dire néanmoins si cette impression de musique un peu brouillonne est de la responsabilité de l’orchestrateur, de l’orchestre (pas toujours irréprochable, cf. Distant Worlds Returning Home), du chef Takemoto… Ou d’une oreille moins concentrée à ces moments du concert ! Je n’oserai donc pas d’avis sur ces points. Cela étant, je suis en mesure de dire que Press Start était une belle fête pour les amateurs de musique de jeu d’hier et d’aujourd’hui et qu’il était difficile d’en sortir en faisant la grimace, quand bien même on aurait assisté aux sommets que sont Symphonic Fantasies, Legends et Odysseys les années passées, comme Clément et moi. Dans le hall d’entrée du Shinjuku Bunka Center, il était possible de mettre la main sur des bandes originales aux stands de Dog Ear Records et Procyon Studio mais aussi de croiser quelques personnalités comme Yôko Shimomura ou encore Nobuyoshi Sano, lui-même animateur/vendeur sur le petit stand de Detune. Nous en avons aussi profité pour saluer l’ami Dayotan, l’organisateur du festival 4star Orchestra dont il sera bientôt question sur le site !

Press Start 2011 : programme détaillé

Le 14 août dernier, c’est-à-dire hier, avait lieu au Bunka Center de Shinjuku, à Tokyo, le concert Press Start 2011. En voici le programme détaillé, piste par piste :

Première Partie

01 Xenoblade
Main Theme ; Gaur Plains ; Mechanical Rhythm ; Riki the Legendary Hero ; Sator, Phosphorescent Land (night) ; Those who Bear Their Name

Composé par Yoko Shimomura, ACE+, Manami Kiyota / Arrangé par Kensuke Yamashita / Chant : CHICO (ACE), Manami Kiyota. Guitare : Tomori Kudô (ACE)

02 Spelunker
Main Theme ; Chitei Tanken ~ Stage Clear ; Miss ~ Game Over

Composé par Irem Software Engineering / Arrangé par Nobuyuki Nakamura

03 Pocket Monster Series (Pokémon bleu/rouge ; noir/blanc)
~Opening~ / Pokémon Center / Route 6 (Printemps ~ Été) / Wild Pokémon Battle!

Composé par Jun’Ichi Masuda, Shôta Kageyama / Arrangé par  Shôta Kageyama

04 Gradius
Stage Medley

Composé par Konami Kukeiha Club / Arrangé par Kensuke Yamashita

05 428 ~In a Locked-Down Shibuya~
Main Theme

Composé par Naoki Satô / Arrangé par Natsumi Kameoka

06 Final Fantasy IV
Red Wings / Into the Darkness / Battle 1 / Fanfare / The Airship / Rydia / The Dreadful Fight / Main Theme of Final Fantasy IV

Composé par Nobuo Uematsu / Arrangé par Nobuyuki Nakamura


Deuxième partie

01 Nier Replicant / Nier Gestalt
Shadowlord / Emil / Kainé / Song of the Ancients

Composé par Keiichi Okabe (MONACA) / Kakeru Ishihama (MONACA) / Keigo Hoashi (MONACA). Chant : Emi Evans

02 El Shaddai
Theme of El Shaddai / The Faraway Creation / Enoch’s Theme / Tragic Scream

Composé par Masato Kouda, Kento Hasegawa / Arrangé par Kensuke Yamashita

03 Super Mario Galaxy Medley 2011
Composé par Mahito Yokota, Kôji Kondô, Ryô Nagamatsu / Arrangé par Ryô Nagamatsu
04 Medley « Musique classique utilisée dans les jeux vidéo »
Arrangé par Shôgo Sakai
05 Ôkami
The beginning / Ryoshima Coast II / [Reset] ~ [Thank you] version ~

Composé par Masami Ueda, Hiroshi Yamaguchi, JUN / Arrangé par Shûhei Kamimura / Shakuhachi et Shamisen : HIDE-HIDE

06 The Last Story
Toberu Mono

Composé par Nobuo Uematsu / Arrangé par Kensuke Yamashita / Chant : Kanon


Rappels

01 Xenogears
Composé par Yasunori Mitsuda / Arrangé par [Natsumi Kameoka ?]
02 Kid Icarus
Composé par Hirokazu Tanaka / Arrangé par ?


Ne manquez pas notre compte-rendu du concert dans les prochains jours !

MYTH – The Xenogears Orchestral Album

Critique de Julien

Pistes coup de cœur :
Flight – In a Prison of Peace and Regret – Small Two of Pieces

Sitôt annoncé, sitôt très attendu, l’album arrangé de Xenogears ne se sera pas fait longtemps désirer avant d’arriver jusqu’à nos esgourdes ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que nous sommes bien en terrain connu dès la piste d’ouverture puisque qu’à l’instar de la bande originale, c’est également «Dark Daybreak» qui ouvre le bal. L’arrangement demeure d’ailleurs extrêmement fidèle au morceau d’origine, constat que l’on peut facilement appliquer à l’ensemble de l’album, qui joue la carte de la sobriété à travers les quatorze pistes qui le composent. Une sobriété qui sied à merveille à la mélodie inoubliable de «Flight», dont le souffle épique est décuplé pour un résultat tout simplement éblouissant. Tout aussi belle, «The Wind Calls to Shevat in the Blue Sky» est habillée pour l’occasion de superbes cordes et d’une harpe furtive. Pas de doute, l’ambiance aérienne de la ville de Shevat est belle et bien intacte ! Viens ensuite la poignante «October Mermaid», revisitée d’un simple piano, pour un résultat intimiste des plus réussis qui n’est pas sans rappeler combien Mitsuda sait faire des merveilles avec cet instrument (aaah, KiRite)… En parlant de merveille, «In a Prison of Peace and Regret» est probablement l’une des pistes les plus intelligemment arrangées de ce disque. Jouée par un simple clavecin dans sa version originale, cette reprise fait cette fois-ci la part belle aux chœurs bulgares. Une choriste entonne d’abord seule l’air terriblement mélancolique du morceau avant d’être rejoint par un ensemble entier, et quelques violons tout en préservant la beauté glaciale de la version originale. Un vrai bonheur.

La force de la chorale frappe également sur «The Beginning and the End». D’abord mystérieuses, les couleurs de la première partie du morceau se meuvent peu-à-peu en lueur d’espoir avant de s’achever sur un sentiment de joie et de soulagement, évolution qui amène brillamment l’émouvante «Small Two of Pieces», interprétée par la voix chaleureuse de Joanne Hogg. Le côté pop en moins, cet arrangement se veut une nouvelle fois très fidèle à son ainée mais l’envie de se plaindre s’évapore rapidement devant tant de grâce et d’émotion… La mélodie est d’ailleurs reprise dans «Faraway Promise», dont l’interprétation au piano conclut sobrement l’album, non sans une certaine nostalgie. Encore une fois, le talent de mélodiste de Mitsuda n’est jamais aussi frappant que lorsqu’il est exprimé avec simplicité. Le disque ne pouvait pas mieux s’achever.

Alors, tient-on l’album parfait ? Presque. Je ne peux m’empêcher de penser que «Knight of Fire» aurait été un bien meilleur choix que «Stage of Death» et sa mélodie assez anecdotique. L’absence pure et simple de la géniale «Awakening» est également regrettable ! À cela s’ajoutent des arrangements trop prudents qui risquent de décevoir ceux qui s’attendaient à des reprises plus surprenantes mais après tout, difficile de proposer quelque chose de trop éloigné du résultat actuel tout en voulant offrir un album très orchestral ! Inutile de bouder notre plaisir, Myth demeure un moment fort de la musique de jeux vidéo cette année, et notre cher Mitsuda vient indiscutablement d’ajouter un disque incontournable à sa discographie.

Appréciation : Très bon

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Critique de Jérémie

Pistes coup de cœur :
Bonds of Sea and Flame, In a Prison of Peace and Regret, The Beginning and the End

Myth prouve qu’il ne faut jamais désespérer : près de 15 ans après la sortie d’un jeu, il est toujours possible d’en étendre les horizons musicaux. Difficile de savoir si le recul permet vraiment d’apprécier les mélodies originales de Yasunori Mitsuda sous un autre angle, mais s’il existe bien une certitude au sujet de cet album, c’est qu’il est pleinement maîtrisé. Il est loin d’être réellement audacieux car les arrangements sont sages et fidèles, mais on se laisse rapidement emporter par la beauté et la légèreté des pistes. Il suffit d’écouter la mélodie magique de «Bonds of Sea and Flame» pour comprendre qu’il s’agit d’un disque vers lequel on compte revenir souvent. D’autant plus que le boîtier et le livret illustré ont fait l’objet d’un soin tout particulier, chose assez rare pour être signalée.

La qualité des versions orchestrées est tout de même variable. Youki Yamamoto a certainement effectué le travail le plus intéressant, tout particulièrement dans le thème de Shevat et «The Gentle Breeze Sings». Ses arrangements sont bien plus frais et variés que ceux de Natsumi Kameoka notamment, même si cela n’empêche en rien à cette dernière de produire des moments remarquables, dans «Flight» surtout. Mitsuda, de son côté, s’est offert deux merveilles («In a Prison of Peace and Regret» et «The Beginning and the End») pour leur faire revêtir des robes lyriques immédiatement touchantes. Les chants bulgares, toujours aussi magiques et mystérieux, y font leur grand retour. Finalement, si cet album arrangé n’atteint pas le niveau d’excitation provoqué par Creid, il développe avec réussite la facette plus majestueuse de Xenogears.

Appréciation : Très bon