God Eater Original Soundtrack

Critique de Olivier

Pistes coup de cœur :
God and Man Vocal Ver. – Ephemeral Wish – Deo Volente

Après avoir entendu l’OST de Tales of Legendia, on pensait connaître le style de Go Shiina, à savoir un cocktail détonant entre musique orchestrale et jazz, rock, fusion. Pourtant, à la première écoute, la bande-son de God Eater a de quoi dérouter même les oreilles averties.

Dès les premières pistes, pas de doutes, on a bien affaire à du Go Shiina : la mélodie de l’orchestrale «Tearing Up the Storm» et la jazzy «Adult Time -Romance Mix-» semblent tout droit exportées de Tales of Legendia, mais la qualité étant similaire, ce n’est pas vraiment un problème. C’est à partir de la 5è musique du premier CD que Shiina commence à se lâcher, et part dans un trip orchestral expérimental encore plus poussé qu’auparavant, imposant des voix auto-tunées sur beaucoup de pistes. Les allergiques à ce procédé, avec lequel il s’amusait déjà sur l’étrange «Short Circuit» de ToL, devront prendre leur mal en patience tout au long de cette OST.

«Gods’ Table», dans laquelle se mélange orchestre, gros beat techno, voix auto-tunée et une sorte de chœur tribal, témoigne de la furie créative du compositeur, qui pourra paraître indigeste pour certains. Cette créativité, il en fait preuve autant dans la composition et le choix des instruments que dans le mixage, comme par exemple sur la magnifique «Ephemeral Wish», où il rajoute un effet de vieux gramophone par-dessus le piano, puis le retire pour laisser éclater la mélodie, le piano étant rejoint par le reste de l’orchestre : le résultat est saisissant.

Au long de ces deux disques, Shiina brasse de l’orchestral, du jazz, de l’éléctro, du (j-)rock symphonique (la un peu kitsch mais prenante «No Way Back») et même du flamenco («Flame Dance») et une bonne dose de world music, et fait preuve d’une grande diversité dans l’instrumentation et les types de chants. Tout en restant cohérent, mélodique et thématique. A ce propos, la chanson thème du jeu «God and Man Vocal Ver.» qui clôt le premier CD, superbement interprétée par Donna Burke, s’impose à mes oreilles comme l’une des ses plus belles et émouvantes compositions.

Pour pinailler un peu, on peut pointer le fait qu’il y a peut-être un peu trop de reprises dont les arrangements ne sont pas flagrants sur le deuxième disque, et que Shiina en fait parfois un peu trop, notamment sur l’utilisation des voix auto-tunées. Quoi qu’il en soit, sans être autant un chef d’œuvre que l’OST de Tales of Legendia, celle de God Eater est l’une des meilleures de l’année 2010 : variée, surprenante et bénéficiant de la puissance de l’orchestre (d’ailleurs, «Deo Volente» !), elle nécessite plusieurs écoutes avant de pleinement s’apprécier et confirme que Go Shiina est l’un des plus créatifs et talentueux compositeurs japonais de ces dernières années. Allez, qu’on lui confie des projets d’un peu plus d’ampleur qu’un Tales of ou un Monster Hunter-like sur portable !

Appréciation : Très bon

MYTH – The Xenogears Orchestral Album

Critique de Julien

Pistes coup de cœur :
Flight – In a Prison of Peace and Regret – Small Two of Pieces

Sitôt annoncé, sitôt très attendu, l’album arrangé de Xenogears ne se sera pas fait longtemps désirer avant d’arriver jusqu’à nos esgourdes ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que nous sommes bien en terrain connu dès la piste d’ouverture puisque qu’à l’instar de la bande originale, c’est également «Dark Daybreak» qui ouvre le bal. L’arrangement demeure d’ailleurs extrêmement fidèle au morceau d’origine, constat que l’on peut facilement appliquer à l’ensemble de l’album, qui joue la carte de la sobriété à travers les quatorze pistes qui le composent. Une sobriété qui sied à merveille à la mélodie inoubliable de «Flight», dont le souffle épique est décuplé pour un résultat tout simplement éblouissant. Tout aussi belle, «The Wind Calls to Shevat in the Blue Sky» est habillée pour l’occasion de superbes cordes et d’une harpe furtive. Pas de doute, l’ambiance aérienne de la ville de Shevat est belle et bien intacte ! Viens ensuite la poignante «October Mermaid», revisitée d’un simple piano, pour un résultat intimiste des plus réussis qui n’est pas sans rappeler combien Mitsuda sait faire des merveilles avec cet instrument (aaah, KiRite)… En parlant de merveille, «In a Prison of Peace and Regret» est probablement l’une des pistes les plus intelligemment arrangées de ce disque. Jouée par un simple clavecin dans sa version originale, cette reprise fait cette fois-ci la part belle aux chœurs bulgares. Une choriste entonne d’abord seule l’air terriblement mélancolique du morceau avant d’être rejoint par un ensemble entier, et quelques violons tout en préservant la beauté glaciale de la version originale. Un vrai bonheur.

La force de la chorale frappe également sur «The Beginning and the End». D’abord mystérieuses, les couleurs de la première partie du morceau se meuvent peu-à-peu en lueur d’espoir avant de s’achever sur un sentiment de joie et de soulagement, évolution qui amène brillamment l’émouvante «Small Two of Pieces», interprétée par la voix chaleureuse de Joanne Hogg. Le côté pop en moins, cet arrangement se veut une nouvelle fois très fidèle à son ainée mais l’envie de se plaindre s’évapore rapidement devant tant de grâce et d’émotion… La mélodie est d’ailleurs reprise dans «Faraway Promise», dont l’interprétation au piano conclut sobrement l’album, non sans une certaine nostalgie. Encore une fois, le talent de mélodiste de Mitsuda n’est jamais aussi frappant que lorsqu’il est exprimé avec simplicité. Le disque ne pouvait pas mieux s’achever.

Alors, tient-on l’album parfait ? Presque. Je ne peux m’empêcher de penser que «Knight of Fire» aurait été un bien meilleur choix que «Stage of Death» et sa mélodie assez anecdotique. L’absence pure et simple de la géniale «Awakening» est également regrettable ! À cela s’ajoutent des arrangements trop prudents qui risquent de décevoir ceux qui s’attendaient à des reprises plus surprenantes mais après tout, difficile de proposer quelque chose de trop éloigné du résultat actuel tout en voulant offrir un album très orchestral ! Inutile de bouder notre plaisir, Myth demeure un moment fort de la musique de jeux vidéo cette année, et notre cher Mitsuda vient indiscutablement d’ajouter un disque incontournable à sa discographie.

Appréciation : Très bon

____________________________________________________________________________________________

Critique de Jérémie

Pistes coup de cœur :
Bonds of Sea and Flame, In a Prison of Peace and Regret, The Beginning and the End

Myth prouve qu’il ne faut jamais désespérer : près de 15 ans après la sortie d’un jeu, il est toujours possible d’en étendre les horizons musicaux. Difficile de savoir si le recul permet vraiment d’apprécier les mélodies originales de Yasunori Mitsuda sous un autre angle, mais s’il existe bien une certitude au sujet de cet album, c’est qu’il est pleinement maîtrisé. Il est loin d’être réellement audacieux car les arrangements sont sages et fidèles, mais on se laisse rapidement emporter par la beauté et la légèreté des pistes. Il suffit d’écouter la mélodie magique de «Bonds of Sea and Flame» pour comprendre qu’il s’agit d’un disque vers lequel on compte revenir souvent. D’autant plus que le boîtier et le livret illustré ont fait l’objet d’un soin tout particulier, chose assez rare pour être signalée.

La qualité des versions orchestrées est tout de même variable. Youki Yamamoto a certainement effectué le travail le plus intéressant, tout particulièrement dans le thème de Shevat et «The Gentle Breeze Sings». Ses arrangements sont bien plus frais et variés que ceux de Natsumi Kameoka notamment, même si cela n’empêche en rien à cette dernière de produire des moments remarquables, dans «Flight» surtout. Mitsuda, de son côté, s’est offert deux merveilles («In a Prison of Peace and Regret» et «The Beginning and the End») pour leur faire revêtir des robes lyriques immédiatement touchantes. Les chants bulgares, toujours aussi magiques et mystérieux, y font leur grand retour. Finalement, si cet album arrangé n’atteint pas le niveau d’excitation provoqué par Creid, il développe avec réussite la facette plus majestueuse de Xenogears.

Appréciation : Très bon