Fort de son expérience orchestrales de ces dernières années (Inazuma Eleven, Kid Icarus Uprising, Soul Sacrifice etc.), Yasunori Mitsuda poursuit son chemin dans cette même direction en composant pour la première fois de sa carrière la musique d’un documentaire. Produit par la NHK, l’unique groupe audiovisuel public au Japon, ce reportage se centre sur la comète ISON (également nommée C/2012 S1), découverte en septembre 2012, et qui s’est désintégrée à la fin du mois de novembre 2013. Si le sérieux de ce sujet et du commanditaire ont poussé Mitsuda a refaire appel à une grande formation, le compositeur n’a néanmoins pas hésité à créer des pistes synthétiques planantes pour évoquer le ciel infini et étoilé de l’espace. Parés au décollage ? Poursuivre la lecture
Il n’est pas simple de confectionner une ambiance musicale captivante, qui soit suffisamment prenante tout en restant effacée. Produire une ambiance, c’est accepter que cette musique semble naturellement suinter des décors de son jeu, qu’elle sache trouver les sons les plus appropriés, non sans rester originale.
Pour que la démarche soit couronnée de succès, le compositeur doit alors reposer avant tout sur la qualité propre de son style… trouver les meilleurs instruments et savoir les associer. Matt Uelmen a ainsi su donner aux deux premiers Diablo un souffle primordial unique, battu, sali, raclé par des grondements souterrains, des râles surnaturels, les palpitations inquiétantes d’un air vicié… À l’époque du premier Diablo, Blizzard n’avait pas publié de bande originale, laissant les joueurs apprécier les musiques d’Uelmen dans les champs et les donjons pour lesquels elles avaient été conçues. La plus mémorable restera le thème de Tristram, sans doute l’incarnation musicale de l’esprit de Diablo. L’erreur a été corrigée pour le deuxième volet de la série, dont la bande originale était proposée dans l’édition collector du jeu. Elle est désormais disponible sur iTunes.
Le groupe Imeruat nous livre enfin son premier album Black Ocean après un single des plus enthousiasmants ! Épaulé par son fidèle entourage (Mitsuto Suzuki, Toru Tabei etc.), Masashi Hamauzu plonge rapidement ses habitués en terrain connu car la patte du compositeur est présente avec plus de radicalité encore que dans ses précédents travaux. Ce ne sont pas l’hypnotisante « Left » et ses nombreux bruitages téléphoniques ou le beat très électronique et l’ambiance feutrée et progressive de « Black Ocean » qui me feront mentir ! En dehors de ces expérimentations, on retrouve également l’amour de Hamauzu pour les cordes et le piano, un amour on ne peut plus communicatif lorsque les grandioses « Giant » et « Imeruat » se font entendre !
Mais Imeruat, c’est avant tout une vision moderne de la musique aïnoue. Cette dimension-là est insufflée par Mina, descendante de ce peuple, qui, en plus de sa voix, parsème le disque de ses interprétations de tonkori et mukkuri. Une touche dépaysante pour nos oreilles d’Européens mais qui se laisse apprivoiser avec grand plaisir. Qu’elle soit enfantine sur la balade « Morning Plate », fragile sur « Little Me » ou qu’elle adopte un ton plus traditionnel sur « 6Muk » ou l’entrainante « Battaki », Mina arrive brillamment à adapter sa voix douce sur les différents styles composés par son acolyte. Nage-t-on alors en plein bonheur ? Cela serait oublier que cette immersion se voit malheureusement écourtée plusieurs fois par la faible durée de certaines pistes et leur nombre relativement peu élevé. L’auditeur affamé restera donc sur sa faim mais y trouvera en compensation un album aux couleurs variées et souvent lumineuses, contrairement à ce que pouvait augurer le titre.
Le raffinement et la diversité de Final Fantasy XIII, l’humeur joviale de SaGa Frontier II, l’étrangeté expérimentale de Unlimited SaGa… Black Ocean, c’est un peu tout ça à la fois. Mélangé à la saveur aïnoue qu’apporte Mina, on ne peut refuser cette invitation dans l’imaginaire du duo qui, libéré de la contrainte de l’image, réussit à imposer son propre paysage : un océan musical enivrant et constamment renouvelé qu’on ne se lasse pas de parcourir. Jusqu’à la fin du monde.
Avis : Très bon
Coups de cœur :
- Morning Plate
- Imeruat (remastering version)
- Battaki
IMERUAT – Black Ocean
Premier album du duo IMERUAT.
Date de sortie : 29 juin 2012
Prix : 15 euros
Référence : WAYO-001 (publié par Wayô Records)
Composition : Masashi Hamauzu
Arrangements : Masashi Hamauzu, Toru Tabei, Mitsuto Suzuki
Interprétation : Masashi Hamauzu (piano), Mina (chant, tonkori, mukkuri), Toru Tabei (guitare), Mitsuto Suzuki (synthétiseurs), Ippiqui Takemoto (percussions), Hijiri Kuwano (violon)
Acheter le disque sur le Wayô Shop
Redécouvrir tous les premiers Final Fantasy par le piano, quelle belle promesse faite par Nobuo Uematsu et Hiroyuki Nakayama en cette année de 25e anniversaire de la série. Il suffit d’écouter les premières notes du « Prelude », forcément placé en ouverture, pour être pris dans la magie des mélodies simples des trois épisodes fondateurs.
La sélection des morceaux n’est pas forcément originale et l’on retrouve nécessairement les thèmes principaux des trois jeux, mais l’ensemble est cohérent et efficace. C’est que Nakayama, aussi bon arrangeur que pianiste, a réussi à se détacher juste ce qu’il faut des pistes originales pour qu’elles soient plus longues et, surtout, plus narratives. « Matoya’s Cave », pour ne citer qu’elle, débute par quelques notes pesantes qui s’allègent lentement, la mélodie se glissant délicatement avant de soudain s’envoler, s’adoucir de nouveau, puis reprendre avec une élégance folle… Des modulations toujours bienvenues, aussi prévisibles soient-elles parfois, permettent de ne jamais se lasser. La première piste dévoilée, « The Rebel Army » de FFII, reste exemplaire en ce sens.