Sorti il y a peu, Pokémon Lune et Soleil a laissé un petit arrière-goût de déception à ceux qui attendaient monts et merveilles d’un gameplay renouvelé, d’un nouvel univers et d’un scénario approfondi. Les îles d’Alola promettaient pourtant un paradis exotique et alléchant, au moins sur le plan de la direction artistique et particulièrement musicale. Les moyens étaient d’ailleurs aussi grands que d’habitude, puisque pas moins de sept personnes ont travaillé à la composition (plus encore sur les arrangements). Des efforts supplémentaires semblent même avoir été fournis par rapport aux autres épisodes, puisqu’on peut noter la présence, hélas mal créditée dans la bande-son officielle, de plusieurs instrumentistes venus égayer de leurs timbres colorés l’orchestre virtuel un brin tristounet de la 3DS. Les auspices semblaient donc nous promettre un voyage musical riche et surprenant comme il a déjà pu l’être dans les précédents épisodes. Et pourtant, difficile de dire que ce fut vraiment le cas.
Arrivées chez nous au début des années 2000, les versions Or, Argent et Cristal de Pokémon sur Game Boy Color représentaient déjà, à leur sortie, un travail colossal. La prouesse de faire tenir deux régions dans un jeu permettait d’ores et déjà aux nombreux adeptes des premiers opus de replonger quelques années en arrière en redécouvrant avec plaisir et sous un jour nouveau les lieux et musiques qui les avaient marqués. Dix ans plus tard, sous le nom de Pokémon Version HeartGold & SoulSilver, sortait un remake pour Nintendo DS. Prenant pour parti pris de caresser la corde émotive des plus mélancoliques, tout en revendiquant une forte volonté d’innover sur le plan de la direction artistique, le jeu ne fit pas toujours l’unanimité par rapport à ce dernier choix. On ne pourrait pourtant nier ses grandes qualités musicales, témoignage des diverses époques traversées par les épisodes successifs, qui représente aussi à sa façon certains enjeux esthétiques de son temps.