Certains d’entre vous connaissent sûrement le jeu Machinarium, sorti en 2009 sur PC. Au-delà de son style graphique si particulier, sans doute avez-vous remarqué la bande originale ambiante tout à fait unique, signée du compositeur tchèque Tomáš Dvořák. Dix ans après son premier album, Pocustone, Dvořák vient de sortir sous son pseudonyme Floex un nouveau disque de ses compositions personnelles, intitulé Zorya, du nom des déesses gardiennes nocturnes de la mythologie slave. Ses 14 pistes majoritairement instrumentales explorent un style ambiant, parfois minimaliste, dans des ambiances de plus en plus denses. Vous y trouverez même deux chansons, l’une en anglais, l’autre en italien. L’équipe de Musica Ludi se joint à moi pour vous inviter chaleureusement à l’écouter. Vous pouvez l’écouter en ligne sur son Bandcamp ainsi que l’acheter au format physique ou numérique. La piste « Casanova » est disponible en téléchargement gratuit.
Au site IndieGames.com, Tomáš Dvořák a confié : « Cet album couvre une longue période et je suis heureux qu’il soit enfin terminé et que les gens puissent l’écouter ». La composition la plus ancienne, « Petr Parléř », remonte en effet à 2004, mais il s’agit de l’une des pistes les plus expérimentales de l’album, dont le style reste le plus souvent doux et contemplatif. L’une des particularités de Zorya est qu’il semble raconter une histoire. Ce n’est pas toujours un hasard, notamment dans le cas de « Forget-me-not », basée sur le motif au piano que Dvořák avait composé pour le court-métrage d’un ami. « Le film […] parlait d’un personnage dont la grand-mère est atteinte d’Alzheimer, raconte-t-il encore. Pour les besoins du film, le motif était assez abstrait au début, mais je l’ai trouvé très prenant et inspirateur. Des fois, il suffit de petites choses pour déplacer des montagnes, créativement parlant ».
S’il y a des chants diffus dans certaines pistes, Zorya compte deux vraies chansons, « Precious Creature » et « Nel Blu ». La première, à laquelle Dvořák prête également ses talents de clarinettiste et de saxophoniste pour l’accompagnement minimaliste, est interprétée par James Rone, à la voix mystérieusement androgyne. Le résultat est fascinant, non sans rappeler certaines chansons théâtrales de Philip Glass. Dans un genre beaucoup plus aérien, le compositeur s’est rendu à Milan pour enregistrer « Nel Blu » avec le duo italien Musetta. Impossible de ne pas se laisser emporter par la progression de plus en plus intense et par la voix suave et nostalgique de Marinella Mastrosimone. Je me vois obligé d’avouer qu’il s’agit de ma préférée de l’album.
Notez que la bande originale de Machinarium est également disponible sur son Bandcamp, avec la possibilité de télécharger un EP bonus gratuitement.