Critique : NieR Tribute Album -echo-

Critique de Jérémie

Fiche de l’album

Pistes coup de cœur :
Emil / Sacrifice – Suite Of Nier – Grandma

Plus d’un an après sa sortie, nous n’en avons toujours pas fini avec Nier mais je serais le dernier à m’en plaindre. Pourtant, après un 15 Nightmares & Arrange Tracks au goût amer d’opportunisme, on est toujours en attente d’un vrai album arrangé du jeu. Plutôt hommage comme son nom l’indique, echo est pourtant assez abouti pour prétendre à ce titre. Bien sûr, comme chaque arrangement est signé par un artiste ou un groupe différent, le principal risque est de créer un disque incohérent. Du côté de l’ambiance, tout va bien pour echo, les arrangeurs ayant bien saisi l’univers sombre et décalé de Nier. Du côté de la qualité des reprises, le résultat est malheureusement plus variable. Si faire appel à Nobuyoshi Sano (Nobu44) est un bel hommage à sa participation à Drakengard, ancêtre spirituel de Nier, son remix est très pauvre et bien clément sera celui qui l’écoutera jusqu’au bout sans avoir envie de passer à la piste suivante. La « Temple of Drifting Sands » de millstones est fort discutable elle aussi, son rythme beaucoup trop pressé ayant bien de la peine à revisiter la blancheur angélique de l’originale. « Song of the Ancients » aurait certainement mérité mieux elle aussi.

Heureusement, les remixes trop poussifs sont en minorité, echo étant avant tout un disque contemplatif et dramatique (et on peut remercier les arrangeurs d’avoir évité le piège du 8-bit). Il suffit d’écouter la nouvelle robe électronique de « Repose », longue et intense, ou la « Suite Of Nier ». Dans cette dernière, l’enchaînement entre les cris désespérés de « The Ultimate Weapon » et le piano délicat de « Ashes of Dreams » est un brin poussif mais les deux reprises sont magnifiques malgré tout. On accueille bien volontiers aussi le post-rock dans « Kainé », magique, mais on regrette qu’il ait été collé à « The Wretched Automatons » car la voix d’Emi Evans y semble trop en décalage. Du côté des curiosités, il y a le Gypsy punk aussi inattendu qu’énergique de RÄFVEN, mais aussi et surtout la « Grandma » époustouflante de Schroeder-Headz, spectaculaire cascade de notes de piano sur le français incompréhensible d’Evans ! Ces petits piments méritent réellement de s’intéresser à echo, surtout si vous avez aimé la bande originale. C’est plus électronique, mais quelle ambiance !

Bon

Xenoblade Original Soundtrack

Critique de Jérémie

Pistes coup de cœur :
Unfinished Battle, Gaur Plains, Field of the Machinae

Le programme de la bande originale de Xenoblade est extrêmement alléchant : il mélange des valeurs sûres de la musique de RPG et des talents méconnus heureux de pouvoir enfin s’exprimer sur un projet majeur. Mais il faut bien le courage de se lancer dans cette très longue écoute, les 4 CD étant organisés de manière peu enrichissante. En effet, les deux premiers disques comprennent les pistes des cinématiques, les deux derniers celles d’exploration et de combat. Cela provoque un déséquilibre, la plupart des thèmes pour les cinématiques étant discrets pour ne pas dire ennuyeux, alors que la partie gameplay est bien plus riche et variée. Mais cela est uniquement un problème de forme, car l’ensemble n’en reste pas moins sympathique et les grands moments sont assez fréquents. Naturellement, Yôko Shimomura contemple ses collaborateurs du haut de son excellence et offre une prestation courte mais autant touchante (le thème principal, celui de fin) qu’énergique (« Unfinished Battle », exceptionnelle). A cela s’ajoute la très jolie chanson de fin de Mitsuda, « Beyond the Sky » à la progression enthousiasmante.

Le cœur de la bande originale a été composé par Manami Kiyota et ACE+ et, même en s’y mettant à quatre, on ne peut pas échapper aux passages à vide. Ainsi, sur les deux premiers CD, les ambiances de Kiyota sont bien fades malgré de belles tentatives (notamment « Looks » et son surprenant mélange de cordes et de chœurs). Il faut attendre les deux derniers CD pour la sentir enfin inspirée, proche de ses propres goûts musicaux, notamment dans les versions nocturnes magiques de certaines pistes d’exploration. Celui de Sator est de loin le plus émouvant, la compositrice y renouant avec son style solo si particulier. Malgré sa prestation scolaire dans l’ensemble, Kiyota réussit à surprendre avec le rock mystique de « Xanthe ». Le trio ACE+ fournit une prestation bien plus spectaculaire, avec des rythmes forts et des guitares électriques à volonté, mais il ne réussit pas toujours à rester captivant. Il n’en reste pas moins des morceaux très inventifs, comme « Field of the Machinae », ou des mélodies remarquables, comme celle qui s’invite tardivement dans « One Who Gets in Our Way ». Et, bien sûr, il y a « Gaur Plains ». Celle-là est d’un autre niveau. En fait, en l’écoutant, je me demande si la musique de jeu vidéo a déjà connu pareil appel à l’aventure. Il est fort possible que non.

Appréciation : Bon

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Critique de Julien

Pistes coup de cœur :
Main Theme – Gaur Plains – Sator, Phosphorescent Land / Night

Dirigée d’une main de fer par le réalisateur Tetsuya Takahashi, la bande originale de Xenoblade jongle avec une cohérence étonnante entre les styles de compositeurs vétérans et de nouveaux venus. Sur de nombreux fronts en 2010, la courte présence de Yôko Shimomura sur Xenoblade se fait pourtant remarquer par sa prestance. Un aspect que partagent l’émouvant « Main Theme » et la tonitruante « Unfinished Battle », tous deux dotés d’une montée en puissance chavirante. Cette qualité musicale est égalée avec brio par le trio d’ACE+, qui, après un travail fantastique pour Emil Chronicle Online, continue de faire découvrir son talent. Impossible de rester de marbre face à l’incroyable « Gaur Plains », véritable appel à l’aventure auquel aucun auditeur ne pourrait résister. Globalement très énergique, leur travail recèle aussi quelques moments nettement plus poignants comme le prouve la superbe « Parting, and… », qui confirme la diversité dont sont capables CHiCO et ses deux acolytes.

Particulièrement heureux de voir Manami Kiyota composer pour un jeu vidéo, je dois bien dire que ma petite favorite ne m’a pas déçu ! Bien sûr, ses pistes purement ambiantes ne présentent qu’un intérêt limité en dehors du jeu. Mais lorsque la compositrice fait en sorte de plonger son auditeur dans des ambiances évasives ou touchantes, ses mélodies et son talent font mouche à chaque fois. Des pistes comme « Memories » ou « Sator, Phosphorescent Land / Night » ne me feront pas mentir ! J’espère de tout cœur que sa prestation réussie et variée saura interpeller d’autres réalisateurs de jeux vidéo ! Quant à l’unique prestation de Yasunori Mitsuda, « Beyond the Sky » remplit son contrat avec moins d’excellence que les deux inoubliables chansons de Xenosaga Episode 1 tout en restant très agréable. La voix douce et gracieuse de la chanteuse Sarah Àlainn y est d’ailleurs pour beaucoup. Regorgeant de qualités, cette bande originale n’a pas à rougir devant celles des autres épisodes estampillés Xeno, avec lesquelles elle n’a finalement que peu de choses en commun.

Appréciation : Très bon

Radiant Historia Original Soundtrack

Radiant Historia Original Soundtrack

Radiant Historia marque la première collaboration entre Atlus et Yôko Shimomura, une collaboration qui a donné l’occasion à la compositrice de s’adonner à l’un de ses exercices préférés : écrire des musiques pour un RPG de style fantasy traditionnel. De plus, comme il s’agit d’un jeu totalement nouveau, elle a pu travailler sans vraies contraintes. À partir de la thématique du voyage dans le temps qui est au centre de l’histoire du jeu, Shimomura a imaginé à quel point ce type de voyage pouvait être mystérieux, voire inquiétant, et a de ce fait orienté sa bande originale vers une ambiance triste. On reconnaît sans peine son style orchestral habituel, ici uniquement synthétique. Il est agrémenté de quelques touches exotiques à base de guitare ou de flûte, mais aussi de quelques morceaux d’ambiance plus surprenantes, notamment avec la présence de piano. Du côté des thèmes de combat, la compositrice a voulu les rendre assez distinctifs en les renforçant avec des instruments notables, tels que le violon dans « The Edge of Green » ou l’orgue dans « The Red Locus ».

Yôko Shimomura a elle-même proposé aux développeurs d’ajouter une chanson thème dans leur jeu. Intitulée « -HISTORIA-« , elle est interprétée dans un style entraînant par Haruka Shimotsuki. Les deux femmes se sont rencontrées quelques années plus tôt, lors de la production de l’album murmur de la chanteuse Chata, sur lequel Shimotsuki s’occupait des chœurs. Même si cela remontait à un certain temps, Shimomura a tout de suite pensé à elle pour Radiant Historia.

Critique, par Olivier

Après une grande forme sur Birth by Sleep et Last Ranker, Yôko Shimomura s’est de nouveau vue confier les musiques d’un RPG sur console portable. Si le travail est encore une fois de qualité, il est cependant loin d’être aussi enthousiasmant que celui produit pour les deux jeux précédemment cités. L’univers musical de Radiant Historia est assez magique, et combine le côté aventureux et mystérieux de celui de Legend of Mana avec la malice de celui de Kingdom Hearts. Et exit l’orchestre et les instruments acoustiques de Last Ranker : on retourne aux sonorités orchestrales synthétiques habituelles de Shimomura. On obtient donc de jolies musiques, mais qui donnent tout de même une impression de déjà-entendu, notamment les thèmes de combats, dans lesquels la compositrice nous ressort encore sa rythmique typique et son instrumentation habituelle, à savoir piano, violon, orgue, cuivres. Quand j’entends « The Edge of Green » – dont le violon fou est tout de même un véritable plaisir -, j’ai immédiatement des images de combats à coups de keyblade qui me viennent en tête …

Au niveau des rares surprises, on peut noter « The Melody Connecting the World », une réminiscence du thème ambiant et planant de la carte de Legend of Mana, et l’efficace chanson de fin, à la fois entrainante et un poil nostalgique. Au final, je n’ai pas grand-chose à reprocher à cette OST, si ce n’est que comme pour celle de Heroes of Mana il y a quelques années, Shimomura donne l’impression d’avoir enclenché le mode automatique. Mais bon, du Shimomura en mode automatique, ça reste quand même de la bonne musique.

Avis : Bon

Coups de cœur :

  • The Edge of Green
  • The Melody Connecting the World
  • HISTORIA

Bande originale de Radiant Historia sur DS.

Date de sortie : 15 décembre 2010
Prix : 3150 yens
Référence : KDSD-00408 (publié par TEAM Entertainment)
Composition : Yôko Shimomura

Interprétation : Haruka Shimotsuki

The Last Story Original Soundtrack

Critique de Clément

Fiche de l’album

The Last Story Original Soundtrack

Pistes coup de cœur :
Lost Times – Dance of Death – Toberu Mono

L’univers de The Last Story est plutôt sombre, parfois mélancolique ; les terres se meurent, la guerre fait rage. A l’image du jeu, l’ambiance générale des trois disques est ainsi très pesante. A l’exception de la très lounge « Being Congenial » et de la drôlissime « Meowmeow~ », tout est triste, sombre ou mystérieux. Ou les trois réunis. Les envolées mélodieuses pourtant chères à Nobuo Uematsu font ici place à des thèmes plus pensés pour coller à l’action du jeu. Alternant entre rythmes guerriers et moments de tension, un bon nombre de compositions accompagnent le joueur sur le champ de bataille de manière magistrale, grâce notamment à des cuivres et des violons très présents. Bien sûr, ces musiques perdent un peu de leur impact lors d’une simple écoute, et beaucoup de pistes se ressemblent, rendant le tout est un peu étouffant à la longue. Un rapide mot sur le main theme du jeu : s’il propose quelques passages génialement épiques, sa construction ressemble plus à un medley mal arrangé. Bizarre, et dommage.

Malgré tout, le compositeur nous a sorti quelques pistes dont il a le secret. Pépite parmi les pépites, « Toberu Mono » est dans la droite lignée des chansons composées par le moustachu. La voix de Kanon et les envolées lyriques nous emportent dans un extraordinaire monde éthéré. Bien que minoritaires, on trouve également ça et là quelques pistes rock démentes, notamment « Dance of Death » (elle vient de Final Fantasy VII !) et « The One Ruling Everything » qui propose sans doute la meilleure intro de tous les temps. Bien sûr, des thèmes simples et touchants sont aussi de la partie, bien qu’on en dénombre assez peu là encore. Impossible de rester de marbre devant la tristesse glaçante du piano de « Lost Times », ou la balade proposée par les couleurs automnales de « Timbre of the City ». Faire des choses simples mais les faire bien, voilà la grande force de Uematsu.

Bon