Si Final Fantasy est aussi populaire, c’est en partie grâce à ses musiques, dont la plupart, inoubliables, sont gravées dans les mémoires des joueurs. Bien que Nobuo Uematsu en soit le principal artisan, d’autres ont apporté leur pierre à l’édifice, dont Hitoshi Sakimoto et Masashi Hamauzu. Naturellement, l’occasion des 25 ans de la série était trop belle pour ne pas rendre hommage à ces compositions. Alors Square Enix a préparé un jeu au style mignon mais au nom imprononçable : Theatrhythm Final Fantasy (TFF).
Critique de Clément
Quand je me demandais en avril dernier lorsque Square Enix Music publierait un Jazz SQ, je ne croyais pas être si proche de la vérité ! Certes, le Cafe SQ dont il est question ici n’est pas tout à fait la compilation jazzy espérée, mais il a le mérite de s’en rapprocher. Au moins, les morceaux ont perdu la lourdeur – voire la pauvreté – des arrangements dont ils étaient victimes sur les opus précédents. Ici, c’est l’acoustique qui est maître, même si quelques touches d’électro se glissent, plus ou moins subtilement, dans les accords globalement chaleureux. L’idée, relayée par le nom du disque, est simple : prenez un café (ou un thé ?), décontractez-vous, et laissez-vous bercer par la musique. « Garçon ! Un café court je vous prie ! » Tout ceci est très attrayant, à tel point que je me demande pourquoi les reprises de « Matoya’s Cave », complètement ratée malgré un côté rétro amusant, et « Seven Heroes Battle », qui aurait sûrement gagné à tempérer ses ardeurs électro, sont si énergiques ?
Heureusement, ce sont les deux seuls morceaux qui dénotent un peu. Le reste baigne dans une ambiance sereine, chaleureuse, magnifiquement illustrée par la voix suave et candide de Miina (du groupe Sayonara Ponytail) le temps d’une reprise langoureuse de « Suteki da ne ». Symbole du café musical intimiste, le piano a également une place de choix dans l’album, notamment dans la rythmique enlevée de Manami Morita ou dans le medley de Xenogears de dix minutes joué par Duke of Pianeet. Parfois néanmoins, l’intimiste peut virer au burlesque, comme dans ce thème des Chocobos particulièrement caricatural, toujours sympathique quoiqu’un peu pénible par moments ; ou au festif décomplexé, quand les instruments acoustiques montent en puissance jusqu’à s’en donner à cœur-joie pour reprendre, tous ensemble, le thème principal de Final Fantasy VII. « Oui, je vais prendre un sucre, s’il vous plaît ! »
Avis : Bon
La bande originale de Final Fantasy Type-0 illustre sans doute parfaitement ce que l’on peut attendre de Takeharu Ishimoto. Elle démontre sans mal ses forces et ses limites en tant que compositeur et, surtout, qu’arrangeur.
Dans ce jeu qui raconte une guerre terrible entre magie et technologie, Ishimoto ne pouvait pas ignorer l’apport nécessaire de pistes orchestrales aux inspirations militaires, fortes de percussions martelées et d’élans héroïques ou inquiétants. Ça n’a jamais été sa spécialité et il n’y a visiblement aucun changement à l’horizon. Type-0 compte ainsi de nombreuses musiques orchestrales au synthétiseur anecdotiques, plaisantes mais qu’on a bien du mal à retenir.
Critique de Jérémie
Demander à Kenji Itô de revisiter les mélodies qu’il a composées pour la série Seiken Densetsu afin d’en célébrer le 20e anniversaire ? Une brillante idée, assurément. Mais le gâteau d’anniversaire que le compositeur nous offre ici, arrangé presque exclusivement par ses soins, n’est pas aussi délicieux à chaque bouchée. Ce n’est pas la première fois que Square Enix nous propose des albums célébrant ses compositeurs (drammatica et Myth, ça vous dit quelque chose ?) mais c’est bien la première fois qu’on se sent obligé de constater une occasion manquée. Re:Birth touche parfois droit au but, avec des reprises admirablement taillées nichées au milieu du disque, mais on ne peut que regretter le manque de soin et la facilité avec lesquels le reste a été arrangé. Entendons-nous bien : avec les mélodies délicates et émouvantes d’Itô, la beauté est au rendez-vous. Mais elle l’est parfois sans grande inspiration. C’est le cas de cette « Rising Sun » synthétique et scolaire qui ouvre le CD, bien pâle ne serait-ce qu’à côté de la version orchestrée de Dawn of Mana. Même chose avec le « Final Battle » version jazzy en piste 8 : il était prometteur mais son hautbois synthétique daté le retient de briller.
Heureusement pour lui, Itô n’est pas l’auteur de la seule vraie horreur, la piste 2, ignoble morceau de techno qui n’a rien à faire là. En définitive, les seuls immenses bonheurs sont les pistes 5, 6 et 7. « Infant of Mana » est une merveilleuse reprise rock du thème de combat final très marquant de Children of Mana, qui ne fait que bonifier les meilleures passages de l’originale, non sans y ajouter un petit solo de guitare électrique réjouissant. « The Fool’s Dance » est quant à elle un petit rêve éveillé pour moi, immense admirateur de la voix extraordinaire de Kyôko Kishikawa. En petite forme à côté de son scat surnaturel de « Passionate Rhythm » façon Mukaiya Club, elle n’en reste pas moins idéalement associée à la reprise flamenco de ce bijou de Dawn of Mana. La guitare de Masashi Yamazaki ensoleille le reste. Mais la bouffée d’énergie lumineuse vient bien de la suite, « Battle 2 » de Sword of Mana, portée par la grâce du violon. Aucune vraie surprise en dehors de cela, Noriko Fujimoto prêtant sa voix à deux chansons simplement mignonnes comme Itô sait les faire et le disque se concluant sur un solo de piano mollasson. Oui, l’ensemble demeure plaisant, mais il est dommage qu’un tel potentiel n’ait pas été mieux exploité…
Appréciation : Bon