Parfois, les coups de tête sont récompensés par des pépites dont on n’aurait jamais soupçonné l’existence. Je ne connaissais absolument pas Minoru Mukaiya et Keizô Nakanishi, c’est donc bien le facteur live, la présence de mon violoniste préféré, Akihisa Tsuboy, et surtout le prix rikiki, qui m’ont rapidement convaincu de passer par la case « achats » de l’iTunes Store. En plus c’est rapide, ça se fait en trois clics. Ce petit concert (quatre pistes seulement) commence donc par une explosion de passion et d’énergie avec « Passionate Rythm » suivie de « GENKI ». Saxophone, synthés, violon, basse, guitare, chant : chaque instrument est ici prétexte au déchaînement le plus total, le tout s’entremêlant ou se succédant dans des solos tous plus fous les uns que les autres. Avec ces deux morceaux, l’expression jouer de la musique paraît tout à fait appropriée : les musiciens s’amusent à tout-va, ça swingue et ça jazze dans tous les sens, c’est l’éclate totale. C’est une jam session de dix minutes, plutôt deux de cinq, d’ailleurs, dans lesquelles chacun laisse libre cours à son imagination – et son talent ! L’essence même de la musique comme je l’aime.
Les deux autres compositions sont des chansons beaucoup plus calmes, bien que tout aussi chaleureuses. La fougue laisse place à la tranquillité, plutôt bienvenue après une telle débauche. La voix du chanteur Sascha et les rythmes chaloupés de « Twilight Stream » nous enlacent de leur douce étreinte et prolongent agréablement l’atmosphère instaurée par le début du concert. Malgré tout, la chanson reste assez classique et je suis finalement un peu déçu de ne pas retrouver la folie des deux morceaux précédents. Quant à « 21st Love Express » qui conclut ce mini-concert, elle est dans la même veine, bien que Tsuboy se rappelle à notre bon souvenir avec quelques passages rapides au violon, dont lui seul semble avoir le secret. 50% cool, 50% extase totale : pour moins de 3 €, n’hésitez-pas.
Unlimited SaGa (2002) est le premier jeu sur lequel Masashi Hamauzu a travaillé après sa participation à Final Fantasy X. Après avoir bouleversé son approche de la musique de RPG sur SaGa Frontier 2, il a profité de ce nouvel épisode sur PlayStation 2 pour apporter une autre nouveauté, celle du streaming intégral. Toutes les musiques du jeu sont lues en direct par la console et non pas reproduites par sa puce sonore, ce qui a permis l’utilisation de nombreux instruments acoustiques : violon, violoncelle, flûte, guitare acoustique ou encore bandonéon se retrouvent en effet sur de nombreuses pistes. Ajoutés à des nappes de synthétiseur, ils donnent une plus grande profondeur à l’ambiance générale. Seuls trois morceaux sont intégralement orchestrés, et ce par Shirô Hamaguchi.
Avec l’aide permanente du programmeur du synthétiseur Ryô Yamazaki, Hamauzu a touché à une vaste palette de styles musicaux, des plus classiques (l’orchestral et les petits ensembles, naturellement) aux plus inattendus (tango, fusion jazz-rock, électro). Là où le premier disque est assez sage et harmonieux, le deuxième contient les morceaux plus expérimentaux, parfois intégralement basés sur le design sonore et non la composition. Unlimited SaGa est également le premier jeu pour lequel Hamauzu a écrit lui-même une chanson thème. Intitulée «Soaring Wings», elle est interprétée par Mio Kashiwabara qui, soprano de son état, donne une couleur particulière à cette musique de style pop.
Épuisée depuis longtemps suite à la disparition de DigiCube, la bande originale d’Unlimited SaGa a fait l’objet d’une réédition en 2011 suite aux nombreuses demandes des joueurs.
Bande originale d’Unlimited SaGa sur PlayStation 2.
Date de sortie : 15 juin 2011 (réédition) Prix : 2800 yens Référence : SQEX-10242~3 (publié par Square Enix)
Pistes coup de cœur :
Unfinished Battle, Gaur Plains, Field of the Machinae
Le programme de la bande originale de Xenoblade est extrêmement alléchant : il mélange des valeurs sûres de la musique de RPG et des talents méconnus heureux de pouvoir enfin s’exprimer sur un projet majeur. Mais il faut bien le courage de se lancer dans cette très longue écoute, les 4 CD étant organisés de manière peu enrichissante. En effet, les deux premiers disques comprennent les pistes des cinématiques, les deux derniers celles d’exploration et de combat. Cela provoque un déséquilibre, la plupart des thèmes pour les cinématiques étant discrets pour ne pas dire ennuyeux, alors que la partie gameplay est bien plus riche et variée. Mais cela est uniquement un problème de forme, car l’ensemble n’en reste pas moins sympathique et les grands moments sont assez fréquents. Naturellement, Yôko Shimomura contemple ses collaborateurs du haut de son excellence et offre une prestation courte mais autant touchante (le thème principal, celui de fin) qu’énergique (« Unfinished Battle », exceptionnelle). A cela s’ajoute la très jolie chanson de fin de Mitsuda, « Beyond the Sky » à la progression enthousiasmante.
Le cœur de la bande originale a été composé par Manami Kiyota et ACE+ et, même en s’y mettant à quatre, on ne peut pas échapper aux passages à vide. Ainsi, sur les deux premiers CD, les ambiances de Kiyota sont bien fades malgré de belles tentatives (notamment « Looks » et son surprenant mélange de cordes et de chœurs). Il faut attendre les deux derniers CD pour la sentir enfin inspirée, proche de ses propres goûts musicaux, notamment dans les versions nocturnes magiques de certaines pistes d’exploration. Celui de Sator est de loin le plus émouvant, la compositrice y renouant avec son style solo si particulier. Malgré sa prestation scolaire dans l’ensemble, Kiyota réussit à surprendre avec le rock mystique de « Xanthe ». Le trio ACE+ fournit une prestation bien plus spectaculaire, avec des rythmes forts et des guitares électriques à volonté, mais il ne réussit pas toujours à rester captivant. Il n’en reste pas moins des morceaux très inventifs, comme « Field of the Machinae », ou des mélodies remarquables, comme celle qui s’invite tardivement dans « One Who Gets in Our Way ». Et, bien sûr, il y a « Gaur Plains ». Celle-là est d’un autre niveau. En fait, en l’écoutant, je me demande si la musique de jeu vidéo a déjà connu pareil appel à l’aventure. Il est fort possible que non.
Pistes coup de cœur :
Main Theme – Gaur Plains – Sator, Phosphorescent Land / Night
Dirigée d’une main de fer par le réalisateur Tetsuya Takahashi, la bande originale de Xenoblade jongle avec une cohérence étonnante entre les styles de compositeurs vétérans et de nouveaux venus. Sur de nombreux fronts en 2010, la courte présence de Yôko Shimomura sur Xenoblade se fait pourtant remarquer par sa prestance. Un aspect que partagent l’émouvant « Main Theme » et la tonitruante « Unfinished Battle », tous deux dotés d’une montée en puissance chavirante. Cette qualité musicale est égalée avec brio par le trio d’ACE+, qui, après un travail fantastique pour Emil Chronicle Online, continue de faire découvrir son talent. Impossible de rester de marbre face à l’incroyable « Gaur Plains », véritable appel à l’aventure auquel aucun auditeur ne pourrait résister. Globalement très énergique, leur travail recèle aussi quelques moments nettement plus poignants comme le prouve la superbe « Parting, and… », qui confirme la diversité dont sont capables CHiCO et ses deux acolytes.
Particulièrement heureux de voir Manami Kiyota composer pour un jeu vidéo, je dois bien dire que ma petite favorite ne m’a pas déçu ! Bien sûr, ses pistes purement ambiantes ne présentent qu’un intérêt limité en dehors du jeu. Mais lorsque la compositrice fait en sorte de plonger son auditeur dans des ambiances évasives ou touchantes, ses mélodies et son talent font mouche à chaque fois. Des pistes comme « Memories » ou « Sator, Phosphorescent Land / Night » ne me feront pas mentir ! J’espère de tout cœur que sa prestation réussie et variée saura interpeller d’autres réalisateurs de jeux vidéo ! Quant à l’unique prestation de Yasunori Mitsuda, « Beyond the Sky » remplit son contrat avec moins d’excellence que les deux inoubliables chansons de Xenosaga Episode 1 tout en restant très agréable. La voix douce et gracieuse de la chanteuse Sarah Àlainn y est d’ailleurs pour beaucoup. Regorgeant de qualités, cette bande originale n’a pas à rougir devant celles des autres épisodes estampillés Xeno, avec lesquelles elle n’a finalement que peu de choses en commun.
Radiant Historia marque la première collaboration entre Atlus et Yôko Shimomura, une collaboration qui a donné l’occasion à la compositrice de s’adonner à l’un de ses exercices préférés : écrire des musiques pour un RPG de style fantasy traditionnel. De plus, comme il s’agit d’un jeu totalement nouveau, elle a pu travailler sans vraies contraintes. À partir de la thématique du voyage dans le temps qui est au centre de l’histoire du jeu, Shimomura a imaginé à quel point ce type de voyage pouvait être mystérieux, voire inquiétant, et a de ce fait orienté sa bande originale vers une ambiance triste. On reconnaît sans peine son style orchestral habituel, ici uniquement synthétique. Il est agrémenté de quelques touches exotiques à base de guitare ou de flûte, mais aussi de quelques morceaux d’ambiance plus surprenantes, notamment avec la présence de piano. Du côté des thèmes de combat, la compositrice a voulu les rendre assez distinctifs en les renforçant avec des instruments notables, tels que le violon dans « The Edge of Green » ou l’orgue dans « The Red Locus ».
Yôko Shimomura a elle-même proposé aux développeurs d’ajouter une chanson thème dans leur jeu. Intitulée « -HISTORIA-« , elle est interprétée dans un style entraînant par Haruka Shimotsuki. Les deux femmes se sont rencontrées quelques années plus tôt, lors de la production de l’album murmur de la chanteuse Chata, sur lequel Shimotsuki s’occupait des chœurs. Même si cela remontait à un certain temps, Shimomura a tout de suite pensé à elle pour Radiant Historia.
Critique, par Olivier
Après une grande forme sur Birth by Sleep etLast Ranker, Yôko Shimomura s’est de nouveau vue confier les musiques d’un RPG sur console portable. Si le travail est encore une fois de qualité, il est cependant loin d’être aussi enthousiasmant que celui produit pour les deux jeux précédemment cités. L’univers musical de Radiant Historia est assez magique, et combine le côté aventureux et mystérieux de celui de Legend of Mana avec la malice de celui de Kingdom Hearts. Et exit l’orchestre et les instruments acoustiques de Last Ranker : on retourne aux sonorités orchestrales synthétiques habituelles de Shimomura. On obtient donc de jolies musiques, mais qui donnent tout de même une impression de déjà-entendu, notamment les thèmes de combats, dans lesquels la compositrice nous ressort encore sa rythmique typique et son instrumentation habituelle, à savoir piano, violon, orgue, cuivres. Quand j’entends « The Edge of Green » – dont le violon fou est tout de même un véritable plaisir -, j’ai immédiatement des images de combats à coups de keyblade qui me viennent en tête …
Au niveau des rares surprises, on peut noter « The Melody Connecting the World », une réminiscence du thème ambiant et planant de la carte de Legend of Mana, et l’efficace chanson de fin, à la fois entrainante et un poil nostalgique. Au final, je n’ai pas grand-chose à reprocher à cette OST, si ce n’est que comme pour celle de Heroes of Mana il y a quelques années, Shimomura donne l’impression d’avoir enclenché le mode automatique. Mais bon, du Shimomura en mode automatique, ça reste quand même de la bonne musique.
Avis : Bon
Coups de cœur :
The Edge of Green
The Melody Connecting the World
HISTORIA
Bande originale de Radiant Historia sur DS.
Date de sortie : 15 décembre 2010 Prix : 3150 yens Référence : KDSD-00408 (publié par TEAM Entertainment) Composition : Yôko Shimomura