Critique : Dark Souls Soundtracks

La suite de Demon’s Souls appelant une bande-son uniquement orchestrale pour s’accorder au jeu, l’annonce de Motoi Sakuraba à la composition laissait craindre le pire. En effet, ses derniers travaux démontraient un manque d’inspiration de sa part pour les pistes orchestrales, dans lesquelles, trop souvent, il noyait tout semblant de mélodie sous une avalanche de cuivres pompeux plutôt désagréable pour les tympans (cf. l’OST de Star Ocean 4 qui regorge de ce genre de choses). Mais, étonnamment, le travail livré ici – pourtant le plus sombre de sa carrière – est beaucoup plus appréciable. A cela deux raisons : premièrement, tout est véritablement orchestré ce qui donne des compositions moins lourdes, les cuivres retrouvant un niveau sonore plus « naturel » et n’étouffant plus le reste, et deuxièmement, Sakuraba semble avoir été plus inspiré en cherchant se rapprocher du style de Shunsuke Kida et à coller à l’esprit de la série. L’intro et la superbe musique du lieu central « Firelink Shrine » ont d’ailleurs un style et une construction similaires à leurs homologues dans Demon’s Souls.

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Critique : After All…

Jaquette d'After AllAprès l’excellent Gikyokuonsou et le sympa Forest of Glass, je désespérais un peu de ne plus voir Sakuraba sur un projet solo, alors que s’empilaient les bandes son banales depuis quelques années. Et puis After All… est arrivé. Prévue au Fantasy Rock Fes en mars, la sortie du disque a été décalée en même temps que le festival à cause des événements que tout le monde connaît. Me voici donc après six mois d’impatience, fébrile, à découvrir cet album que j’attendais tant. Après une première écoute, c’est clair, net et précis : sur After All, Sakuraba s’est fait plaisir. Débarrassé des contraintes inhérentes aux RPG, il a balancé tout le superflu pour se concentrer sur ce qui a toujours été l’essence même de sa musique : le progressif. « Oh oui ! », dis-je, car quand il s’éclate sur ses synthés, l’extase n’est jamais bien loin. Elle me guette, tapie dans l’ombre, menaçant de s’emparer de moi à chaque fois que les solos surgissent, orgasmiques, tantôt fluides et planants, tantôt nerveux et enlevés.

Mis à part trois interludes au piano assez courts, la totalité de l’album regorge de ces sons de clavier(s) si caractéristiques de l’artiste. En gros, ce n’est ni plus ni moins que Sakuraba qui fait du Sakuraba, avec des modulations, des sons et des rythmes qu’on finit par connaître par cœur, à force. Mais qu’importe. Prenez « The way », par exemple. Je ne sais pas dans quelle optique elle a été composée, mais portée par ses enchaînements énergiques successifs, elle aurait sa place au panthéon des meilleurs battle themes si elle faisait partie d’un jeu. Il y a aussi « Shade inside gropping », dont l’ambiance crépusculaire vous transporte dans un monde où tout semble s’écrouler sous vos pieds (mon pêché mignon : de 1’01 à 1’50). Mais dans ce cas, pourquoi pas l’appréciation « Excellent » (je sais que vous avez déjà regardé) ? Peut-être car quelques pistes sont un peu vides (« Lie »), parfois lourdes (« Try again »). Sûrement, aussi, car cet album est finalement sans véritables surprises. La recette est bonne, mais il manque un zeste de génie pour rendre le tout délicieux. Mais à la lumière des derniers travaux en demi-teinte de ce virtuose des claviers, il serait assez malvenu d’être trop tatillon.

Avis : Très bon

Coups de cœur :

  • Stand Still
  • Shade inside gropping
  • The way

 

After All… Album solo de Motoi Sakuraba.
Dates de sortie : 17 septembre 2011 / 19 octobre 2011
Prix : 2300 yens
Référence : SNS-2003
Composition & arrangements : Motoi Sakuraba

Critique : Shadows of the Damned Original Music From Akira Yamaoka

Critique de Julien

Fiche de l’album

Pistes coup de cœur :
Take Me To Hell (Broken Dream), As Evil As Dead, The Final Chapter

Après plusieurs écoutes des musiques de Shadows of the Damned, une chose se confirme rapidement : l’auditeur de Silent Hill retrouvera vite ses marques. L’autre aspect qui se confirme après plusieurs heures de jeu, c’est que Suda 51 a misé sur le bon cheval en confiant la réalisation sonore de son titre à Akira Yamaoka. L’ambiance sinistre et déjantée du titre a réellement profité au compositeur, qui a saisi l’opportunité de réaliser des pistes variées. Le trip-hop triste et pesant du dyptique « The Castle of Hassle » et « The Final Chapter » le prouve, de même que les pistes rock mélancoliques et puissantes (« Take Me To Hell (Broken Dream) », « Til Death Do Us Part ») ou les pistes plus ambiantes comme « It’s a Bughunt » et « Great Demon World Village ». Toujours bien entouré, les paroles troublantes de Joe Romersa et la voix sublime de Mary Elizabeth McGlynn ponctuent cette BO de plusieurs chansons poignantes et réussies.

Compositeur et guitariste, Yamaoka est aussi un concepteur sonore. Ainsi, quand ses pistes ne méritent pas d’être affublées de superlatifs, elles révèlent toujours son extraordinaire talent de créateur d’ambiances. Après avoir plus ou moins tourné en rond sur les dernières BO de Silent Hill, son arrivée chez Grasshopper Manufacture me laisse un sentiment d’inspiration retrouvée et d’épanouissement, tout en restant dans la lignée de son travail pour la série de Konami. Sa présence à plusieurs présentations des jeux du studio ou la proximité entre l’artiste et ses auditeurs (je fais allusion aux 1000 BO dédicacées) font réellement plaisir à voir. Le seul réel bémol qui vient troubler ces bonnes nouvelles reste l’absence regrettable de nombreuses pistes du jeu, qui auraient largement pu occuper un second disque, si ce n’est plus. En dépit de cela, ce premier travail au service de Suda 51 annonce un avenir prometteur pour Akira Yamaoka, dont cette nouvelle alliance pourrait bien se traduire, d’ici quelques années, par un second souffle dans sa carrière.

Bon

Critique : UnchainBlades Rexx Original Soundtrack

Unchain Blades Rexx Original SoundtrackLa bande originale d’UnchainBlades Rexx, un Dungeon RPG sur 3DS et PSP, marque les débuts de Tsutomu Narita en tant que compositeur de jeu vidéo. Membre des Earthbound Papas, le jeune compositeur n’a pas hésité à insuffler un ton rock très énergique aux différentes musiques des combats, musiques qui font directement écho à son travail d’arrangeur pour Final Fantasy XIV. Il interprète d’ailleurs lui-même les différents instruments, à l’exception de la flûte qui est entre les mains de Siori Arimatsu. En parallèle à ces morceaux énergiques, Narita nous promène également au gré de pistes plus calmes, riches de différentes couleurs, le plus souvent par des ambiances étrangement old school grâce à l’instrumentation volontairement synthétique. Rassurantes, légères ou mystérieuses, ces compositions offrent à cette bande originale un ensemble varié, complété par l’intervention de son mentor Nobuo Uematsu, qui signe une musique au rythme militaire enjoué et triomphal.

Critique de Jérémie

Écrire sa toute première bande originale de jeu, c’est forcément faire un choix et montrer ce dont on est capable. Pour Tsutomu Narita, que Nobuo Uematsu nous a fait découvrir par le biais des arrangements de ses musiques, ce premier moment de gloire est UnchainBlades Rexx, un Dungeon RPG traditionnel comme il se doit, à l’univers de fantasy par lequel chacun de ses prédécesseurs a dû passer un jour. Et c’est un sentiment étrange qui m’a envahi lorsque j’ai découvert cette bande originale : celui de mettre la main sur une petite perle surgie du passé, l’OST synthétique énergique et délicieusement rétro d’un RPG japonais des années 90, comme ceux qui avaient été par chance confiés à Motoi Sakuraba à sa belle époque. Il y a dans le travail de Narita pour ce jeu une décontraction similaire, un entrain immédiat qui pourrait sembler superficiel s’il n’était pas porté par de belles mélodies et des arrangements soignés. Au début du disque, « Tones of Towns », « The Temple of Trials » ou « A Bit of Encounters » exposent sans honte leurs ambiances tantôt sautillantes, tantôt énigmatiques.

Mais c’est aussi le Narita furieux, celui qui fut capable de donner à FFXIV ses thèmes de combat violents, qui se révèle dans cette première œuvre. Après une « UNCHAINED » aux synthétiseurs encore dociles, l’orage éclate pour l’excellente « Titan of Daris », à la guitare formidable, et pour « Follow the Master! », qui n’a pas à rougir de ses portions synthétiques au charme direct. Mais tout cela n’a pas l’ampleur décisive de « The Trial of God », qui s’emporte à merveille dans sa deuxième moitié, ou bien sûr de « The Very Strong », dans laquelle les rythmes ne deviennent qu’un prétexte à la dimension orchestrale dramatique, chœurs et orgue à l’appui. Narita a bien appris de Uematsu, c’est sûr. Les pistes purement orchestrales qui se glissent entre elles ont bien du mal à nous saisir autant, mais elles n’en restent pas moins jolies. Il ne faudrait pas non plus oublier les passages doux et rêveurs de « Titan of Tortuga », « Titan of Sloan » et « Titan of Agira », toutes de beaux rappels des OST planantes de naguère, les Panzer Dragoon de Saori Kobayashi pour ne citer qu’elles. Finalement, le thème principal composé par Uematsu, bien que plaisant, n’aura pas eu besoin de porter le reste des musiques. Narita se débrouille.

Avis : Bon

Coups de cœur :

  • Titan of Daris
  • Titan of Sloan
  • The Very Strong

Bande originale d’UnchainBlades Rexx sur 3DS et PSP.

Date de sortie : 27 juillet 2011
Prix : 2300 yens
Référence : DERP-10016 (publié par Dog Ear Records)
Composition : Nobuo Uematsu, Tsutomu Narita
Arrangements : Tsutomu Narita

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