Opoona Original Soundtrack

Critique de Jérémie

Pistes coup de cœur :
Blue Desert Hotel – Matia Mine – The Village Without Memories

Il aura fallu trois ans d’attente pour avoir enfin cette bande originale qui apparaît clairement comme l’une des plus grandes réussites de Basiscape de ces dernières années. Si les choses s’améliorent depuis peu, les collaborateurs de Hitoshi Sakimoto ont souvent tenté de copier leur mentor sans vraiment apporter leurs propres particularités. Opoona était donc un vrai soulagement, le studio s’étant plié en quatre pour offrir à ce jeu des musiques qui collent non seulement à son univers mais l’enrichissent absolument. L’ambiance électronique et planante de la plupart des pistes est magnifiée par l’intervention toujours judicieuse d’instruments acoustiques tels que le violon, le hautbois, la guitare ou la flûte. Dans plus d’un morceau, ces solos surprennent par leur justesse, ne serait-ce que la guitare légère et le violon éblouissant dans «The Village Without Memories» de Noriyuki Kamikura ou le hautbois élégant dans «Blue Desert Hotel» de Masaharu Iwata, arrangé par Mitsuhiro Kaneda.

Il faut dire que tout le monde compose, s’arrange soi-même ou arrange les autres pour un résultat éclectique et maîtrisé du début à la fin. Si les morceaux véritablement mémorables sont peu nombreux et s’il y a quelques passages moins intéressants, Opoona est un de ces albums qu’on écoute entièrement avec plaisir grâce à sa richesse et ses nuances. Et surtout, on n’a pas l’impression d’écouter une n-ième orchestration à la Sakimoto. Seules quelques pistes s’y tiennent, dont le thème principal, mais toujours dans l’esprit malicieux du jeu (il y a même la «Danse du sabre» dans le thème de combat). Si vous avez perdu confiance en Basiscape, cette bande originale mérite réellement d’être écoutée.

Appréciation : Très bon

Akumajô Dracula Tribute Vol.2

Critique de Clément

Pistes coup de cœur :
The Sinking Old Sanctuary – An Empty Tome – Finale

Après un premier volume encourageant, ce second album d’arrangements change de cap et s’oriente vers des compositions plus douces. Dominés par les instruments acoustiques, les morceaux dégagent une impression de sérénité, voire parfois de relaxation contemplative. Lorsque Tanioka et Kouda nous baladent au son mélodieux de leur piano, nimbé de mystère, AKANE et Kiyota nous amènent dans un monde fragile et planant, porté par une touche électro d’un côté, et la voix mélancolique de chœurs féminins de l’autre. Azusa Chiba de Basiscape nous gratifie quant à elle d’une surprenante version de « The Sinking old Sanctuary », partant d’un ton grave et impénétrable pour évoluer pas à pas vers une promenade aux accents enjoués, mais toujours mystiques. En tout cas, si le premier volume était plutôt inégal, celui-ci est beaucoup plus homogène. Difficile de trouver un morceau clairement en dessous des autres, même si, comme Jérémie, j’aurais tendance à pointer Kikuta du doigt. Pas trop fan non plus de la piste d’Eriko Imura, un poil insipide. Mais qu’on se le dise, c’est uniquement parce que le reste est très bon que ces deux là semblent pêcher.

Car effectivement, quand Hamauzu décide d’utiliser le violon d’une façon aussi tragique et déchirante, tout semble passer au second plan. Je n’en attendais pas moins d’un tel génie, mais il n’est pas le seul à éclabousser l’album de son talent. Hideki Sakamoto donne au morceau qu’il arrange une telle limpidité, une telle énergie naturelle… C’est aussi la piste la plus rythmée du CD, elle apporte un peu de fougue et d’énergie à l’ensemble ! C’est d’ailleurs la seule petite réserve que j’émettrais quant à cet album : ça manque de pêche. Non pas que les musiques calmes me dérangent, au contraire, mais, au vu de certains décors majestueux de la série, je m’attendais à quelques morceaux un peu plus spectaculaires. Je ne boude cependant pas mon plaisir car nous sommes ici en face d’un album très agréable et propice à l’évasion.

Appréciation : Très bon
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Critique de Jérémie

Pistes coup de cœur :
The Lost Portrait – Concert Hall without Applause – Finale

Là où le volume 1 connaît des hauts et des bas, le volume 2 de ces hommages à la série Castlevania nous offre un univers musical plus homogène. La qualité reste en effet constante du début à la fin, les reprises oscillant entre le bon et l’excellent. Cette fois-ci, les styles sont plus proches et ont pour particularité de retenir des caractéristiques communes telles que l’utilisation d’instruments acoustiques délicats et de chants mélodieux. C’est curieux à dire, mais ce volume donne une impression plus féminine, ce qui est finalement plutôt normal quand on voit que 9 des 13 arrangeurs sont effectivement des femmes. Chacune affirme son identité musicale dans une ambiance douce mais toujours légèrement voilée, mystérieuse. Le seul morceau vraiment énergique est signé Hideki Sakamoto, qui a choisi de laisser éclater le violon et le piano, mais il est suivi de près par le rythme savoureux d’Eriko Imura sur une mélodie déjà fameuse de Michiru Yamane, et la guitare acoustique éblouissante de Soyo Oka.

Retrouver les styles des compositeurs est un vrai plaisir, notamment dans le cas d’AKANE (électro planante à la Panzer Dragoon), Maki Kirioka (toujours plein de malice), Manami Kiyota (et ses chœurs mystérieux) ou Haruka Shimotsuki (fidèle à elle-même, sa voix adorable). Masato Kouda et Kumi Tanioka ont tous les deux mis à contribution leurs talents de pianistes dans deux pistes douces et mélancoliques, tandis que Masashi Hamauzu y a ajouté violon et violoncelle pour un résultat déchirant de beauté. Une mention spéciale pour Yoshino Aoki, qui nous propose une chorale magistrale qui compense ses instruments un peu trop synthétiques. Le seul à faire pâle figure est Hiroki Kikuta, peu inspiré dans ses orchestrations malgré des pauses légères réussies. En fin de compte, toutes les pistes sont belles et élégantes, faisant de ce volume un agréable voyage dans les décors romantiques de Castlevania.

Appréciation : Très bon

The 3rd Birthday Original Soundtrack

Critique de Julien

Pistes coup de cœur :
Dive into Myself – Escape from UB – Brea the Brave

Les bandes originales de la série Parasite Eve se sont toujours inscrites dans un registre très ambiant. Tout en marchant dans les pas de ses aînés, la partition de The 3rd Birthday profite d’une véritable bouffée d’air grâce au style électro-contemplatif de Mitsuto Suzuki. Fidèle à lui-même, son style évasif et lumineux fait mouche à chaque fois et transporte dans des atmosphères tantôt rêveuses avec des pistes comme « Girl in the Dream », tantôt angoissantes, comme le prouvent « Immortality of Time » ou « Wait for the Combustion ». Pour notre plus grand plaisir, le jeune compositeur se montre prolifique et n’hésite pas à élargir son répertoire en réalisant des pistes frénétiques comme la nerveuse « Human seeker -Battle Side- » ou la déroutante « Terminus Zero » et son violon complètement dingue. Plus discret, Sekito signe tout de même quelques pistes très réussies comme les apaisantes « Angel’s Time » et « dayDreamer » ainsi que des passages plus entraînants comme « Time of Insanity » et « Triumph of Wing », dans laquelle se glisse une touche de techno particulièrement exaltante.

La vétérante Yôko Shimomura ne compose quant à elle qu’une petite poignée pistes originales, essentiellement des thèmes de combats furieux et entraînants dont elle seule a le secret ! Que les amoureux de la compositrice se rassurent, une bonne dizaine de reprises du premier Parasite Eve interviendront dans la playlist, reprises au demeurant très réussies (notamment l’excellente « A Piece of Remain ») et partagées entre les trois compositeurs. La très moyenne « Escape from UB » du premier épisode se retrouve d’ailleurs complètement sublimée dans un arrangement électro-épique signé Sekito et Suzuki. Les très cultes « Primal Eyes» et « Theme of Aya » sont quant à elles reprises avec brio par Shimomura elle-même, qui sera également arrangée par Tsutomu Narita de Dog Ear Records sur la longue et nostalgique « The End -Back to the Beginning- », reprenant superbement « Someone calls me…, Someone looks for me… » et le thème principal du tout premier Parasite Eve.

Équilibre savoureux entre musiques planantes, ambiances angoissantes, pistes d’action et reprises des anciens épisodes, l’alliance des trois compositeurs se solde inévitablement par une brillante réussite. L’éclectisme du trio réussit même à rendre très accessible une bande originale pourtant très ambiante. Une belle démonstration de complémentarité et de talent à ne rater sous aucun prétexte !

Appréciation : Excellent

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Critique de Jérémie

Pistes coup de cœur :
Dive into Myself, Human Seeker -Battle Side-, Terminus Zero

Voici un jeu que l’on pensait acquis à Yôko Shimomura depuis longtemps. Il est vrai que la compositrice a posé sa patte unique avec une dizaine de pistes de grande qualité, notamment des thèmes de combat particulièrement intenses. Ses reprises discrètes des mélodies du premier épisode sont enrobées dans un formidable habillage électronique. Aucune surprise de ce côté-là : Shimomura est maître de son art. Cette certitude acquise, nous pouvons nous jeter corps et âme dans le gros de la bande originale, signé Mitsuto Suzuki. Il était temps qu’il commence à composer pour un jeu ! Après des années de programmation et d’arrangements, le musicien a enfin pu montrer ce dont il était capable dans The 3rd Birthday. L’univers qu’il y démontre est nettement plus intense que celui de ses compositions en solo, qui est lui planant mais peu varié.

On trouve bien des traces agréables de ce style solo dans certaines pistes calmes, telles que la délicate « Angel’s Time », un peu jazzy (composée avec Tsuyoshi Sekito), ou la plus énergique « Arriving Home ». Nul ne peut également échapper à la magie de « Dive into Myself » et de « Cityscapes », où le violon transmet une ambiance formidablement glaçante. Mais Suzuki laisse surtout éclater son talent dans les fantastiques thèmes d’action, chargés autant en violence qu’en désespoir. L’équilibre est parfait entre les effets électroniques et les orchestrations parfois à grand renfort de chœurs sombres. En cela les deux versions de « Human Seeker » et « Terminus Zero » sont absolument excellentes. Tsuyoshi Sekito a assez rapidement contribué à la bande originale mais ses touches sont souvent appréciables, notamment dans « Ray of Hope » et « Triumph of Wing » qui s’enchaînent à merveille avec des rythmes électro exagérés insufflant un petit côté old school sympathique. Au final, nous avons là une bande originale copieuse et de grande qualité, avec quelques passages à vide mais des compositions remarquables pour les compenser !

Appréciation : Très bon

God Eater Original Soundtrack

Critique de Olivier

Pistes coup de cœur :
God and Man Vocal Ver. – Ephemeral Wish – Deo Volente

Après avoir entendu l’OST de Tales of Legendia, on pensait connaître le style de Go Shiina, à savoir un cocktail détonant entre musique orchestrale et jazz, rock, fusion. Pourtant, à la première écoute, la bande-son de God Eater a de quoi dérouter même les oreilles averties.

Dès les premières pistes, pas de doutes, on a bien affaire à du Go Shiina : la mélodie de l’orchestrale «Tearing Up the Storm» et la jazzy «Adult Time -Romance Mix-» semblent tout droit exportées de Tales of Legendia, mais la qualité étant similaire, ce n’est pas vraiment un problème. C’est à partir de la 5è musique du premier CD que Shiina commence à se lâcher, et part dans un trip orchestral expérimental encore plus poussé qu’auparavant, imposant des voix auto-tunées sur beaucoup de pistes. Les allergiques à ce procédé, avec lequel il s’amusait déjà sur l’étrange «Short Circuit» de ToL, devront prendre leur mal en patience tout au long de cette OST.

«Gods’ Table», dans laquelle se mélange orchestre, gros beat techno, voix auto-tunée et une sorte de chœur tribal, témoigne de la furie créative du compositeur, qui pourra paraître indigeste pour certains. Cette créativité, il en fait preuve autant dans la composition et le choix des instruments que dans le mixage, comme par exemple sur la magnifique «Ephemeral Wish», où il rajoute un effet de vieux gramophone par-dessus le piano, puis le retire pour laisser éclater la mélodie, le piano étant rejoint par le reste de l’orchestre : le résultat est saisissant.

Au long de ces deux disques, Shiina brasse de l’orchestral, du jazz, de l’éléctro, du (j-)rock symphonique (la un peu kitsch mais prenante «No Way Back») et même du flamenco («Flame Dance») et une bonne dose de world music, et fait preuve d’une grande diversité dans l’instrumentation et les types de chants. Tout en restant cohérent, mélodique et thématique. A ce propos, la chanson thème du jeu «God and Man Vocal Ver.» qui clôt le premier CD, superbement interprétée par Donna Burke, s’impose à mes oreilles comme l’une des ses plus belles et émouvantes compositions.

Pour pinailler un peu, on peut pointer le fait qu’il y a peut-être un peu trop de reprises dont les arrangements ne sont pas flagrants sur le deuxième disque, et que Shiina en fait parfois un peu trop, notamment sur l’utilisation des voix auto-tunées. Quoi qu’il en soit, sans être autant un chef d’œuvre que l’OST de Tales of Legendia, celle de God Eater est l’une des meilleures de l’année 2010 : variée, surprenante et bénéficiant de la puissance de l’orchestre (d’ailleurs, «Deo Volente» !), elle nécessite plusieurs écoutes avant de pleinement s’apprécier et confirme que Go Shiina est l’un des plus créatifs et talentueux compositeurs japonais de ces dernières années. Allez, qu’on lui confie des projets d’un peu plus d’ampleur qu’un Tales of ou un Monster Hunter-like sur portable !

Appréciation : Très bon