Critique : Drakengard 3 Original Soundtrack

Depuis le succès mérité de la bande originale de Nier, il y a quatre ans, le nom de Keiichi Okabe et celui de son studio Monaca ont réussi à s’offrir une place dans la liste des compositeurs de jeu vidéo japonais à surveiller. Comme une suite logique, Square Enix a fait appel à eux pour écrire la musique de Drakengard 3, nouvel épisode de cette franchise dont Nier est considéré comme un hors série. L’exploit, malheureusement, n’a pas été reproduit.

Car ce qui faisait toute la fraîcheur des musiques de Nier s’est presque totalement envolé, pour laisser place à une bande originale bipolaire très vite lassante, faute de diversité. Chacun des deux disques s’inscrit en effet dans un style particulier, qui ne varie presque pas. Le résultat était inévitable : ce qui paraît réussi dans un morceau unique semble s’émousser à chaque nouvelle piste exploitant la même approche. Sur le premier CD, nous avons une sélection de musiques d’inspiration orchestrale qui peuvent sembler intenses pour le premier auditeur venu, mais dont les rythmiques simplistes et les sonorités synthétiques un peu plates n’ont pas tellement de saveur. La deuxième partie de tous ces thèmes de combat voit l’intervention d’un chant, correspondant à l’une des particularités du système de jeu, ce qui apporte un brin de piquant, mais qui ne peut pas non plus tout sauver.

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Critique : Final Fantasy XIII-2 Original Soundtrack Plus

Avec une bande originale aussi explosive que celle de Final Fantasy XIII-2, l’annonce d’un cinquième disque ne pouvait être que réjouissante. Les versions Plus sorties pour les précédents épisodes avaient toujours un certain intérêt, que ce soit pour combler les manques dans le cas de FFIX ou pour nous guider dans les coulisses de la composition dans le cas du XIII.

Mais pour XIII-2, c’est bien la première fois qu’une OST Plus semble aussi opportuniste de la part de Square Enix. Difficile d’être intéressé, même pas par la vertu documentaire, des prototypes ou prises alternatives figurant sur cet album : par exemple, on écoute « Travelogue » une fois pour la curiosité, avant de revenir à la vraie « Historia Crux » magnifiée par ORIGA. Exceptions notables : l’excellente première version du thème de Noel par Naoshi Mizuta, déjà extrêmement aboutie, et le prototype daté du 25 juillet 2011 de « Local Cosmos » par Mitsuto Suzuki. Ce dernier n’est autre que le thème de Néo-Bodhum, dans le merveilleux style électronique et cosmique du compositeur.

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Critique : Assassin’s Creed Brotherhood

Critique de Julien

Fiche de l’album

Pistes coup de cœur :

  • Villa Under Attack
  • City of Rome
  • VR Room
  • Emporté par les plus beaux moments d’Assassin’s Creed II, j’espérais retrouver une diversité et un dépaysement tout aussi réussis sur la bande originale de cet épisode Brotherhood. Malgré un cadre quasi-similaire, à savoir l’Italie de la Renaissance, le compositeur Jesper Kyd a jugé bon de ne pas livrer une BO dans le même ton que celle de son aînée. Une volonté appuyée par une intrigue plus sombre qu’auparavant, et qui devait se ressentir au niveau de la partition. Malheureusement, en s’accordant au mieux à l’ambiance du jeu, Kyd a quelque peu perdu en cours de route ce qui faisait le charme de son œuvre précédente, en tout cas à sa simple écoute.

    Dès les premières pistes, un sentiment de menace s’installe et se confirme à mesure que les compositions de Kyd s’enchaînent. Souvent pesante et sombre, la bande originale n’accorde que peu de répit à son auditeur, au point de s’enfermer dans une homogénéité redondante, pour ne pas dire pénible. Cordes graves et stridentes, percussions frénétiques, chœurs oppressants : la recette est ressassée presque d’un bout à l’autre de l’album, parfois avec talent (c’est le cas de « Villa Under Attack »), parfois sans réel éclat de génie. Fort heureusement, le compositeur parvient ponctuellement à proposer des pistes aux ambiances plus reposantes et mystérieuses, qui font office de véritables rayons de soleil au milieu de cet album ombragé. Parmi celles-ci, l’envoûtante « City of Rome » ou l’électronique « VR Room », qui transportent l’auditeur, chacune à leur manière. Quelques musiques de plus dans un registre similaire n’auraient pas été de trop pour contrebalancer le déséquilibre trop écrasant de musiques ambiantes et sombres. Peut-être sur Revelations ?

    Moyen

    Critique : Assassin’s Creed

    Critique de Jérémie

    Fiche de l’album

    Pistes coup de cœur :
    City of Jerusalem, Acre Underworld, Access the Animus

    Sans nul doute, Assassin’s Creed est l’une des meilleures nouvelles franchises de cette génération de consoles. Mais il aura fallu des épisodes qui transcendent le point de naissance de la série pour qu’elle atteigne le prestige qu’on lui connaît désormais. Musicalement, c’est un peu la même chose. Le premier Assassin’s Creed bénéficiait ainsi des compositions de Jesper Kyd, déjà reconnu mais pas forcément très inspiré. L’album de la bande originale navigue ainsi entre certains artifices un peu grossiers et des trouvailles intéressantes. Artifices grossiers dans les instruments qui se sont imposés pour exprimer l’ambiance proche-orientale : oud, buzuq, ney, mizmar et mijwiz, autant de noms exotiques dont les sons étaient finalement très attendus. Il était facile d’illustrer Jérusalem, destination des Croisades, par la rencontre impromptue de chants grégoriens et de flûte orientale, mais le résultat est aussi séduisant que maladroit. Si, dans certains passages calmes, on sent déjà le raffinement que Kyd exprimera pleinement dans les Assassin’s Creed suivants, ce premier épisode illustre avant tout une ambiance poussiéreuse, un temps médiéval lugubre.

    C’est bien dans le côté atmosphérique que la BO prend tout son sens, et la retirer du jeu est évidemment difficile. La plupart des pistes sont graves, rugueuses presque. On notera également quelques passages d’action riches en percussions efficaces dans « Trouble in Jerusalem » et « Danger in Masyaf ». Mais c’est avant tout dans sa facette méditative que le premier Assassin’s Creed trouve sa saveur : « Acre Underworld », qui murmure le désespoir d’une ville blessée, ou « Dunes of Death », sombre paysage dépeint par le piano glacial et la flûte gémissante. À cela s’ajoutent les distorsions électroniques venues de notre époque, le plus souvent imbibées de mystère. Elles accompagnent pleinement la piste sans doute la plus réussie, « Access the Animus », qui se construit sur 9 minutes 30. Parfaite illustration d’un temps intermédiaire, glissé entre deux époques, elle débouche sur un formidable final rempli d’action. En fin de compte, en contemplant l’ensemble de cette bande originale, on regrette surtout que Kyd n’ait pas senti le besoin d’amener un thème principal, qui aurait pu donner une identité plus claire aux musiques. Là, l’ensemble est inégal et souvent peu original.

    Moyen