Depuis le succès mérité de la bande originale de Nier, il y a quatre ans, le nom de Keiichi Okabe et celui de son studio Monaca ont réussi à s’offrir une place dans la liste des compositeurs de jeu vidéo japonais à surveiller. Comme une suite logique, Square Enix a fait appel à eux pour écrire la musique de Drakengard 3, nouvel épisode de cette franchise dont Nier est considéré comme un hors série. L’exploit, malheureusement, n’a pas été reproduit.
Car ce qui faisait toute la fraîcheur des musiques de Nier s’est presque totalement envolé, pour laisser place à une bande originale bipolaire très vite lassante, faute de diversité. Chacun des deux disques s’inscrit en effet dans un style particulier, qui ne varie presque pas. Le résultat était inévitable : ce qui paraît réussi dans un morceau unique semble s’émousser à chaque nouvelle piste exploitant la même approche. Sur le premier CD, nous avons une sélection de musiques d’inspiration orchestrale qui peuvent sembler intenses pour le premier auditeur venu, mais dont les rythmiques simplistes et les sonorités synthétiques un peu plates n’ont pas tellement de saveur. La deuxième partie de tous ces thèmes de combat voit l’intervention d’un chant, correspondant à l’une des particularités du système de jeu, ce qui apporte un brin de piquant, mais qui ne peut pas non plus tout sauver.
Formé en 2011, le groupe MASHCANTINOIZ ne s’est encore produit qu’une fois, à l’occasion du 4-Star Festival début octobre. Il y a interprété trois titres : Toneless d’Anata wo yurusanai, Lord of Vermilion et l’ouverture de Final Fantasy V. En ce jour de fête, la page Facebook du groupe a rendu public les enregistrements live de deux de ces titres, pour le grand bonheur de nos oreilles. Vous pouvez découvrir ci-dessous « Toneless » et « Lord of Vermilion ».
Pour rappel, MASHCANTINOIZ est composé d’Emi Evans au chant (Freesscape), de Keita Egusa aux claviers (Pia-com), de Tomori Kudô à la guitare (ACE), de Hiroyuki Muneta à la basse (Freesscape), de Yoshitaka Suzuki à la programmation et aux synthétiseurs et de Hiroki Ogawa à la production sonore (Dog Ear Records). Ce dernier a d’ailleurs gentiment accepté de nous livrer un commentaire au sujet de l’avenir du groupe, le voici :
« Les membres de MASHCANTINOIZ sont chacun occupé avec leur propre groupe, mais ils sont tous motivés pour continuer. Il faudra patienter un peu avant le prochain concert mais nous avons d’ores et déjà prévu d’enregistrer des morceaux originaux l’année prochaine. Ne manquez pas la suite ! »
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La suite de Demon’s Souls appelant une bande-son uniquement orchestrale pour s’accorder au jeu, l’annonce de Motoi Sakuraba à la composition laissait craindre le pire. En effet, ses derniers travaux démontraient un manque d’inspiration de sa part pour les pistes orchestrales, dans lesquelles, trop souvent, il noyait tout semblant de mélodie sous une avalanche de cuivres pompeux plutôt désagréable pour les tympans (cf. l’OST de Star Ocean 4 qui regorge de ce genre de choses). Mais, étonnamment, le travail livré ici – pourtant le plus sombre de sa carrière – est beaucoup plus appréciable. A cela deux raisons : premièrement, tout est véritablement orchestré ce qui donne des compositions moins lourdes, les cuivres retrouvant un niveau sonore plus « naturel » et n’étouffant plus le reste, et deuxièmement, Sakuraba semble avoir été plus inspiré en cherchant se rapprocher du style de Shunsuke Kida et à coller à l’esprit de la série. L’intro et la superbe musique du lieu central « Firelink Shrine » ont d’ailleurs un style et une construction similaires à leurs homologues dans Demon’s Souls.
Le 14 août dernier, Clément et moi-même nous sommes rendus pour la première fois à un concert Press Start, le sixième de la série depuis sa création en 2006.
Ce qui donne sa couleur à ce concert, c’est d’abord son programme, presque exclusivement constitué de musiques de jeux japonais, dans la lignée des Game Music Concerts (1991 à 1996), mais aussi son comité de production composé de personnalités toutes en lien avec le jeu vidéo : Kazushige Nojima (scénariste), Nobuo Uematsu (compositeur), Masahiro Sakurai (créateur), Shôgo Sakai (orchestrateur et compositeur) et Taizô Takemoto (chef d’orchestre).
Cette année, il faut avouer que l’on attendait particulièrement le trio Xenoblade, NieR et El Shaddai, trois jolies révélations de l’année passée, et on n’a pas été déçu. La participation de Tomori Kudô, Chico (ACE) et de Manami Kiyota en tant qu’interprètes a ajouté plus de puissance à un medley Xenoblade déjà très vivant et varié. Certains diront que c’était « trop proche des versions originales », on leur répondra que l’argument semble un peu désuet en 2011, alors que la plupart des musiques de jeu sont enregistrées en studio ou avec des instruments virtuels extrêmement réalistes. De la même façon, le medley NieR a bénéficié de la douce voix d’Emi Evans, sans qui la musique de MoNACA n’aurait pas la même couleur, pour un résultat enchanteur. Si le medley d’El Shaddai n’a vu personne s’ajouter à l’orchestre philharmonique de Kanagawa, la patte du compositeur Masato Kouda était elle bien perceptible, comme s’il était présent sur scène. C’était personnellement mon premier contact avec la musique de ce jeu, mais il a été suffisamment fort pour estomper les critiques un peu fraîches entendues à son sujet et je jure d’y jeter une oreille attentive dès que j’en aurai l’occasion.
En dehors de ce trio gagnant, le medley Final Fantasy IV et « Toberu Mono » comptent parmi les succès « gagnés d’avance » du concert. Le premier a été l’occasion d’apprécier à l’orchestre la superbe « Into the Darkness », le thème de combat, le « thème principal » (thème de carte) ou encore « Rydia » ; le second d’entendre une interprétation très fidèle de la chanson-thème de The Last Story par la chanteuse Kanon. Lors de la séance du soir, ces deux pièces ont d’ailleurs été jouées sous les yeux du créateur des jeux en question, Hironobu Sakaguchi, qui a même été appelé sur scène pour une discussion très détendue avec Uematsu et Nojima.
L’orchestration de Spelunker n’avait rien de bien surprenant car ses mélodies ont été fidèlement reproduites, un peu comme dans l’album Pia-Com II, mais le public a beaucoup ri en réaction à l’apparition récurrente et inopinée du thème de « Game Over ». Même sans avoir fait le jeu, on pouvait deviner qu’il avait de quoi « offrir du challenge aux aficionados de jeux de shoot », comme disent les journalistes.
En rappel, pas un mais deux morceaux ! Le premier, un medley Xenogears, a arraché des cris de surprise à de nombreux spectateurs et de beaux souvenirs à bien d’autres. Le second, un medley Kid Icarus, m’a fait hurler de joie – intérieurement –, car j’adore Hirokazu Tanaka, dont la musique est rarement interprétée à l’orchestre.
Petit bémol personnel : certaines pièces m’ont semblé un peu décousues, notamment le medley Super Mario Galaxy… Difficile de dire néanmoins si cette impression de musique un peu brouillonne est de la responsabilité de l’orchestrateur, de l’orchestre (pas toujours irréprochable, cf. Distant Worlds Returning Home), du chef Takemoto… Ou d’une oreille moins concentrée à ces moments du concert ! Je n’oserai donc pas d’avis sur ces points. Cela étant, je suis en mesure de dire que Press Start était une belle fête pour les amateurs de musique de jeu d’hier et d’aujourd’hui et qu’il était difficile d’en sortir en faisant la grimace, quand bien même on aurait assisté aux sommets que sont Symphonic Fantasies, Legends et Odysseys les années passées, comme Clément et moi. Dans le hall d’entrée du Shinjuku Bunka Center, il était possible de mettre la main sur des bandes originales aux stands de Dog Ear Records et Procyon Studio mais aussi de croiser quelques personnalités comme Yôko Shimomura ou encore Nobuyoshi Sano, lui-même animateur/vendeur sur le petit stand de Detune. Nous en avons aussi profité pour saluer l’ami Dayotan, l’organisateur du festival 4star Orchestra dont il sera bientôt question sur le site !