Critique : Final Fantasy XIII-2 Original Soundtrack

Etre en charge des musiques d’un Final Fantasy n’est jamais chose aisée. Une contradiction oppose en effet la volonté d’évolution constante de la série et les attentes (trop ?) élevées des fans, qui ont pour le coup un peu vite estampillé la BO « J-Pop » – à tort.

De par son statut particulier, XIII-2 jouait déjà sur un terrain miné avant même que le(s) compositeur(s) ne soi(en)t annoncé(s). Sur le papier, marier les styles de Hamauzu, Suzuki et Mizuta semblait improbable ; dans les faits, le résultat force le respect. Il y a tout d’abord Hamauzu, dont les quelques compositions font, sans surprise, écho à l’excellence électro-acoustique des meilleurs moments de XIII ; « Eternal Fight », avec sa construction progressive et ses nappes de cordes, est un bel exemple. Mais c’est vers les deux autres qu’il faut aller chercher la réelle nouveauté, et on peut se demander s’ils se sont fixé une limite. Il est probable que non. De Final Fantasy, on ne retrouve que le thème des Chocobos. Le reste est un concentré d’audace sans compromis pour les fans, sans frontières musicales, à tel point que tous les genres y passent. Pêle-mêle : l’électro brut, le heavy metal, le jazz, le rap. Du jamais-entendu dans un FF, dites-vous ? Bah, peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. Mais ce n’est pas tout.

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L’album d’IMERUAT pour le printemps

Avec l’actu plutôt dense des derniers jours (le trésor de février, le concert de Michiru Ôshima, la critique (à venir) de Final Fantasy XIII-2…), une information intéressante était passée à travers les mailles du filet. Le duo IMERUAT (Masahi Hamauzu + Mina) prévoit de sortir son premier album au printemps prochain ! C’est Mina qui l’a annoncé via son compte twitter :

 

« Désolé de n’avoir tweeté qu’en Japonais ces derniers temps. Nous sommes entrain de produire notre premier album qui sortira au printemps ! »

 

 

Une chouette nouvelle pour tous ceux connaissant leurs premières compositions. Pour les autres, n’hésitez pas à aller regarder leur premier clip !

 

La série SQ continue avec le volet Battle

Square Enix n’en a décidément pas terminé avec la série d’albums SQ. Quelques mois après la sortie de Cafe SQ, que Clément avait plutôt apprécié, la branche musicale de la société vient de publier une vidéo pour annoncer la sortie prochaine de Battle SQ. Pour le moment, nous n’avons que peu de détails sur le contenu ou la date de sortie de l’album, mais la vidéo YouTube publiée, que vous pouvez retrouver ci-dessous, semble indiquer qu’il y aura des reprises de Final Fantasy IV et IX, de Seiken Densetsu 3, du premier Chocobo’s Dungeon, de Live A Live, de SaGa Frontier 2 et de Makaitôshi SaGa. C’est en tout cas ce que laissent entendre plus ou moins clairement les tags.

 

Y a-t-il des pistes de ces jeux que vous espérez tout particulièrement retrouver sur cet album ?

Critique : Castlevania Symphony of the Night

Critique de Clément

Fiche de l’album

Pistes coup de cœur :
Wandering Ghosts – The Tragic Prince – Finale Toccata

Paru en 1997 sur PlayStation, Symphony of the Night marque un tournant dans la série Castlevania. Outre l’ajout d’éléments issus du RPG (équipements, montée en niveau, etc) dans un gameplay jusque-là inébranlable, les joueurs ont pu découvrir le talent d’Ayami Kojima, en charge du design des personnages. Ses illustrations, empruntes d’un style gothique inquiétant mais néanmoins raffiné, démarquent vraiment SOTN de ses prédécesseurs sur le plan visuel. Mais l’identité artistique se crée également sur la partie sonore, alors pour habiller d’avantage un jeu aux graphismes et animations déjà très léchés, Michiru Yamane a déployé tous ses talents de compositrice. Si nous la connaissons aujourd’hui pour ses nombreux travaux sur la série, il faut bien comprendre qu’à l’époque elle était plutôt méconnue, son seul travail un tant soit peu distingué étant Castlevania Bloodlines… trois ans auparavant sur Megadrive. Bien qu’étant déjà familière avec la série, elle a donc dû s’adapter aux difficultés techniques qu’implique un changement de console.

Les Castlevania étant des jeux d’action dans lesquels il faut constamment se débarrasser d’ennemis toujours plus forts et nombreux, les musiques de la série ont toujours été très rythmées. Bien qu’il ne déroge pas à la règle, SOTN a été approché différemment par Yamane. Oh, bien sûr, on trouve des thèmes rock faisant écho au passé de la série, comme « Prologue » joué par une guitare électrique héroïque et inarrêtable, ou « Festival of Servants » porté par une batterie sauvage, et même une reprise du mythique « Vampire Killer ». Mais la majorité des morceaux est plutôt calme, comme pour mieux accompagner le joueur dans ses visites nocturnes d’un immense château, aussi noble et majestueux qu’effrayant et labyrinthique. La découverte d’une nouvelle zone s’apparente ainsi à un nouveau dépaysement audiovisuel, rendant l’exploration extrêmement captivante.

La bande son, éclectique à souhait, propose plusieurs facettes. L’une d’elles est grandiloquente, faisant référence à la majesté du Comte Dracula et, Yamane l’avoue elle-même, à l’impression dramatique émanant des illustrations de Kojima. « Wood Carving Partita », le thème de l’auguste bibliothèque dorée du château, nous plonge ainsi directement au XVIème siècle grâce à l’utilisation judicieuse du clavecin, tandis que l’orgue et les chœurs féminins de « Requiem for the Gods » nous octroient un repos salvateur dans la chapelle royale. Au détour d’endroits plus en retrait, le ton des musiques devient néanmoins plus inquiétant. Dans « Rainbow Cemetery » jouée lors de la visite des catacombes, le synthé nous entraîne dans une chute sans fin, avec pour seule pause le martèlement des notes graves du piano semblant résonner contre les murs étroits, reflet anxiogène de l’exiguïté de l’endroit. Et que dire de la cave ? La noirceur d’« Abandoned Pit » nous enveloppe froidement au rythme d’un piano glaçant dont les seuls métronomes sont des bruits lugubres et malveillants. Enfin, certains morceaux proposent une ambiance plus discrète, mais jamais ennuyeuse, comme par exemple « Crystal Teardrop » et ses percussions feutrées. Éclectique, oui, mais SOTN est surtout, contrairement à ces prédécesseurs, une bande son d’ambiance.

Mais au-delà du reste, une poignée de morceaux est magistrale et permet à la bande son de basculer dans l’excellence. Chacun verra midi à sa porte, mais j’ai un penchant particulier pour la « Finale Toccata » accompagnant le château inversé. Tout en retenue, l’orgue joue une toccata (!) inquiétante, dans un ton baroque presque religieux accentué par les incursions régulières de voix aiguës. Puis, quand vient le climax orchestral dramatique, on se dit que le morceau est très bien comme ça et que la boucle est finie, mais… c’était sans compter sur la deuxième partie et un ajout majeur : la batterie. De son rythme saccadé, enlevé, mais toujours très sec, elle amplifie l’orgue pour donner au morceau une teneur épique exceptionnelle, comme si chacun de ses coups nous insufflait une âme de plus en plus guerrière.

Illustration de Ayami Kojima

Les coups d’éclats de cette trempe ne sont certes pas nécessaires pour que SOTN soit excellent, mais ils contribuent à le rendre mémorable. Le gameplay du jeu, son level design et ses graphismes sont déjà de haute volée ; sa direction artistique l’élève au rang de jeu culte. A une époque où la technique ne permettait pas une immersion aussi poussée que les jeux d’aujourd’hui, le duo Kojima-Yamane s’est transcendé pour nous offrir une pépite d’ambiance intemporelle. S’il a par la suite été reconduit, jamais il n’a pu surpasser la magnificence originelle de ce Symphony of the Night.

Avis : Excellent