Critique de Jérémie
Demander à Kenji Itô de revisiter les mélodies qu’il a composées pour la série Seiken Densetsu afin d’en célébrer le 20e anniversaire ? Une brillante idée, assurément. Mais le gâteau d’anniversaire que le compositeur nous offre ici, arrangé presque exclusivement par ses soins, n’est pas aussi délicieux à chaque bouchée. Ce n’est pas la première fois que Square Enix nous propose des albums célébrant ses compositeurs (drammatica et Myth, ça vous dit quelque chose ?) mais c’est bien la première fois qu’on se sent obligé de constater une occasion manquée. Re:Birth touche parfois droit au but, avec des reprises admirablement taillées nichées au milieu du disque, mais on ne peut que regretter le manque de soin et la facilité avec lesquels le reste a été arrangé. Entendons-nous bien : avec les mélodies délicates et émouvantes d’Itô, la beauté est au rendez-vous. Mais elle l’est parfois sans grande inspiration. C’est le cas de cette « Rising Sun » synthétique et scolaire qui ouvre le CD, bien pâle ne serait-ce qu’à côté de la version orchestrée de Dawn of Mana. Même chose avec le « Final Battle » version jazzy en piste 8 : il était prometteur mais son hautbois synthétique daté le retient de briller.
Heureusement pour lui, Itô n’est pas l’auteur de la seule vraie horreur, la piste 2, ignoble morceau de techno qui n’a rien à faire là. En définitive, les seuls immenses bonheurs sont les pistes 5, 6 et 7. « Infant of Mana » est une merveilleuse reprise rock du thème de combat final très marquant de Children of Mana, qui ne fait que bonifier les meilleures passages de l’originale, non sans y ajouter un petit solo de guitare électrique réjouissant. « The Fool’s Dance » est quant à elle un petit rêve éveillé pour moi, immense admirateur de la voix extraordinaire de Kyôko Kishikawa. En petite forme à côté de son scat surnaturel de « Passionate Rhythm » façon Mukaiya Club, elle n’en reste pas moins idéalement associée à la reprise flamenco de ce bijou de Dawn of Mana. La guitare de Masashi Yamazaki ensoleille le reste. Mais la bouffée d’énergie lumineuse vient bien de la suite, « Battle 2 » de Sword of Mana, portée par la grâce du violon. Aucune vraie surprise en dehors de cela, Noriko Fujimoto prêtant sa voix à deux chansons simplement mignonnes comme Itô sait les faire et le disque se concluant sur un solo de piano mollasson. Oui, l’ensemble demeure plaisant, mais il est dommage qu’un tel potentiel n’ait pas été mieux exploité…
Appréciation : Bon