Critique de Clément
Le premier voyage d’Assassin’s Creed nous emmenait dans la poussière d’un Moyen-Orient médiéval aux côtés du ténébreux Altaïr, pour un résultat musical plutôt mitigé. Le second opus propose une intrigue moins sombre et un héros plus jeune, Ezio, autorisant un enrobage sonore déjà plus agréable ; la noblesse italienne du XVème siècle, c’est quand même autre chose que les bas-fonds de Jérusalem. Malgré tout, Jesper Kyd est resté fidèle au style employé dans le premier épisode, à savoir des mélodies souvent planantes, toujours voilées. Normal, étant donné que le joueur dirige un assassin aux activités auréolées de secret. Mais les instruments se sont adaptés : violons et violoncelles remplacent mizmar et mijwiz ; le piano résonne d’échos glacés ; les chœurs murmurent tandis que la soprano nous guide de sa voix suave. Goûter aux saveurs ésotériques de « Darkness Falls In Florence » tout en escaladant discrètement des toits sur fond de pleine lune est un des plaisirs particulièrement appréciables que procure le jeu. Les enfants, n’essayez pas de reproduire ça à la maison. Les autres non plus d’ailleurs*.
Ce qu’il manquait au premier AC, c’était un thème principal, un porte-drapeau. AC II corrige le tir de manière magistrale, en proposant plusieurs variations d’un thème repris dans de nombreuses pistes. Que Jesper Kyd soit béni : l’OST regorge de ces mélodies fluides et légères, ballades nocturnes furtives à la fois mélancoliques et mystérieuses. À ce titre, « Ezio’s Family », petit bijou acoustique, fait figure de tête d’affiche. Certains morceaux tendus, notamment les différents « Approaching Target », permettent, eux, d’alterner avec des passages plus sérieux entre deux envolées lyriques. Longue de trente trois pistes (trois fois plus qu’AC !), la bande son est très homogène, tout à fait méditative, extrêmement plaisante. Même si, parfois, des pistes musclées viennent interrompre le rêve éveillé de manière un peu pénible. Ce sont celles illustrant les phases de combats (« *** Combat ») et de poursuite (« *** Escape »), assez banales malgré l’utilisation judicieuse de guitare électrique et de percussions pour donner un effet plus sauvage. Oui, Ezio sait se battre, mais c’est avant tout un poète. Un rêveur.
Excellent
* N’essayez pas non plus de vous déplacer dans le métro en poussant les gens d’un revers de main.