J'aime aussi la BO du film, mais étonnamment je trouve qu'elle est encore plus appréciable hors contexte. Les pistes se suffisent un peu à elles-mêmes, et j'ai l'impression que le film ne parvient jamais à les mettre en avant à leur juste valeur, à quelques morceaux près (comme The Neglected Garden). C'est en écoutant les pistes individuellement que j'ai vraiment apprécié certains morceaux, comme The Wild Waltz. Ces airs celtiques, cette omniprésence de la harpe, il y a quelque chose de très singulier devant les compositions de l'artiste, ça a été un vrai petit coup de foudre. Du coup, je me suis intéressé à sa production hors du film, et ça m'a permis de faire quelques très belles découvertes. Je suis d'autant plus admiratif de l'artiste qu'elle compose, chante, et en des langues très variées (même en japonais, elle s'en sort admirablement bien sur le thème d'Arrietty). La BO est plus riche qu'on pourrait le croire, puisque plusieurs pistes sont présentes dans le film en version instrumentale. Je pense par exemple à Sho's Lament, qui est assez sublime accompagnée de la voix de l'artiste.
Pour ses travaux hors du film, je pense que mon préféré est
Innocence, de son Song Book volume 2. Cette piste résume un peu tout ce que j'apprécie chez l'artiste : une inspiration celtique affirmée, une identité instrumentale très forte, et ces petits airs traditionnels répétitifs qui tirent vite du côté de l'extase sensible, comme dans ces danses païennes où on oublie un instant qui l'on est pour goûter à une brève impression d'éternité. Cette piste en particulier me fait énormément penser aux festivals de récoltes, aux festivités qui entourent le solstice d'hiver, ces célébrations qui se réjouissent du retour du printemps plutôt que se lamentent sur l'hiver, qui rendent hommage aux morts en fêtant leur vie passée plutôt qu'en pleurant leur absence, parce que ce qui importe avant tout, c'est la renaissance, la vie. Bref, l'artiste emballe mes sens et mon imagination d'une fort belle manière...
Côté chant, Sans faire un bruit est magique, Cécile nous parle cette fois-ci de contes de fées, l'histoire d'une jeune fille enlevée par un chevalier aux frontières d'un royaume glacé, dans un ton peut-être plus mature que les happy ends à la Disney. J'ai aussi retenu Valse des Ondines côté instru et Sweet Song, chantée en anglais, qui ruisselle toujours de cette sensibilité particulière. Corpus Christi Carol, chantée en anglais médiéval, est aussi très jolie. Une artiste française qu'on peut être fiers d'avoir, même si les frontières de son royaume sont celles d'une autre époque, avec des inspirations qui dépassent la Bretagne française pour aller du côté de l'Allemagne et de l'Angleterre (jusqu'à l'Irlande avec Brian Boru), un voyage au travers du vaste empire celtique plus tard étouffé par les invasions romaines et le christiannisme. C'est que la musique en transporte, des choses !