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The Beginner's Guide.

Une oeuvre meta à couches multiples, brillante tant dans son discours (et les nombreuses questions soulevées) que dans son exécution. Par Davey Wreden, l'auteur du tout aussi génial et tout aussi meta The Stanley Parable.
The Beginner's Guide ne dure qu'1h30 - par le biais de sa voix off, Davey Wreden lui-même nous invite à explorer, en vue à la première personne, les prototypes et jeux expérimentaux inachevés de son ami développeur Coda. En dire plus serait du gâchis.
The Beginner's Guide n'est pas fait pour plaire à tout le monde, en particulier ceux qui n'apprécient pas théoriser sur les jeux vidéo ou la création. Par contre, pour peu que vous y soyez un peu réceptif, je garantie que ce n'est pas du temps perdu. J'en suis ressorti soufflé. À découvrir, vraiment. (Ainsi que The Stanley Parable bien sûr).




Denys est appelé à la barre !

Je veux bien que tu me racontes ta vision du jeu et ce qui t'a gêné

À vrai dire, jusqu'à la fin du jeu, j'ai pensé que Coda existait et que l'expérience était très égocentrique, ce qui m'a pas mal perturbé. Pendant le jeu, j'ai quand même apprécié ces sensations jamais entrevues dans d'autres titres, notamment tout ce qui a trait à la création en tant qu'acte pénible mais libre, désintéressé et qui n'a pas forcément besoin d'exégèse. J'ai beaucoup aimé l'accident qui provoque une sensation merveilleuse (le bug qui fait survoler le niveau et son labyrinthe) et l'effacement des murs qui donne une vue sur tout ce qu'il y a derrière la carrosserie. Cela dit, je ne suis pas sûr d'avoir saisi tous les niveaux de lecture et je serais curieux d'avoir ton avis. Peut-être que j'ai trop vu l'envers du rideau pour être touché, peut-être que j'aurais préféré un jeu sans commentaire audio, ou avec moins.

SPOILERS

Les commentaires audio envahissants font justement partie de l'un des niveaux de lecture du jeu. Littéralement, Davey Wreden nous "force" l'interprétation - on a à peine le temps de découvrir un nouveau jeu de Coda qu'il nous en donne déjà les clefs, qu'il en fait l'exégèse avant même qu'on ait pu expérimenter le "jeu" ou les passages-clefs de nous-même, et donc se faire notre propre interprétation. Le ressenti est orienté et c'est pour moi l'une des réussites de The Beginner's Guide, de nous "voler" notre interprétation du sujet (les jeux de Coda) pour mieux favoriser ensuite l'interprétation de l'objet réel (le jeu de Davey Wreden) - interprétation qui est une réflexion sur l'interprétation. Et quelque part, une réflexion sur le rôle de la critique, sur la notion de spoiler ou autre, sur l'importance de donner des clefs mais de ne pas "forcer", etc.
La mise en abyme devient plus importante quand on comprend que Coda n'existe effectivement pas, et que Davey Wreden parle aussi de sa propre expérience de créateur (suite au succès de The Stanley Parable). Tout en étant encore un écran de fumée puisque l'histoire que Davey Wreden -le narrateur- nous raconte, n'est pas celle de Davey Wreden -le vrai-, puisque tout ceci est basé sur quelque chose qui n'existe pas (les jeux de Coda).

Donc ce que j'ai vraiment adoré, c'est que tout au long du jeu, je suis passé par une multitude de ressentis et de réflexions - entre frustration volontaire (provoquée par l'analyse omniprésente fournie par Davey) et laisser-aller (cette sensation de s'enfoncer de plus en plus profondément dans un réseau de signes, de symboles sur-interprétés et paradoxalement libres de sens, un "vide" rempli par Davey puis par nous-même - jusqu'à la fin géniale qui reproduit le fameux bug qui est en vérité le seul moment où le joueur devient littéralement "libre" de comprendre l'oeuvre, et notamment de comprendre qu'il ne peut pas la comprendre véritablement (le labyrinthe de l'esprit/la création), mais plutôt la ressentir.)

J'ai un peu de mal à retranscrire à l'écrit ce que j'ai ressenti à certains moments du jeu, en particulier dans sa dernière ligne droite, parce qu'il exprime à mon avis des choses qui ne peuvent l'être par les mots.

En tout cas, la place du joueur dans The Beginner's Guide est essentielle pour essayer de deviner ce que Davey Wreden a voulu nous dire. Et malgré son discours en voix off très intéressant sur la création (le rapport création/auteur, le fait que l'oeuvre -par l'interaction- parle plus du joueur lui-même que de l'auteur,...), à mon avis la majorité du discours passe avant tout par le rôle du joueur dans tout ça - malgré les apparences, on n'est pas qu'observateur, à suivre les délires analytiques d'un auteur sur un autre auteur (fictif).
Enfin bon, je me rends compte que je ne suis vraiment pas clair (et qu'il me faudrait bien plus de quelques paragraphes pour exprimer ce que le jeu évoque pour moi), donc je vais m'arrêter là haha. D'autant que je trouve l'expérience proposée par The Beginner's Guide finalement assez personnelle Je le referai sûrement un jour pour m'éclaircir les idées aussi.

En tout cas, je t'invite à essayer The Stanley Parable (qui l'un des jeux les plus drôles que je connaisse), ça apportera peut-être de l'eau à ton moulin

Damien a écrit:J'ai un peu de mal à retranscrire à l'écrit ce que j'ai ressenti à certains moments du jeu, en particulier dans sa dernière ligne droite, parce qu'il exprime à mon avis des choses qui ne peuvent l'être par les mots.

(...)

En tout cas, je t'invite à essayer The Stanley Parable (qui l'un des jeux les plus drôles que je connaisse), ça apportera peut-être de l'eau à ton moulin

Là-dessus, on est d'accord. J'ai eu le même genre de sensations et c'est ce que je retiendrai du jeu . J'ai fait The Stanley Parable cet après-midi et après deux heures et plusieurs fins significatives, je crois que j'en ai fait le tour. C'est très drôle et ça fait réfléchir à plusieurs questions de game design, mais je trouve quand même qu'assez vite, on ne sait plus quoi faire pour déclencher de nouvelles réactions de la part du narrateur. Je crois que j'aurais aimé que chaque partie soit la promesse d'une nouveauté, par exemple une nouvelle porte ouverte quelque part, jusqu'à ce qu'elles le soient toutes et qu'on atteigne une fin répondant à quelques questions. Ici, malgré une promesse de liberté, le joueur se retrouve vite à tourner en rond, et un peu livré à lui-même.

Comme pour The Beginner's Guide, je retiens les moments difficiles à exprimer par de mots, mais je ne sais pas si je placerais ces jeux au-dessus de tous les autres jeux indés comme le font pas mal de gens. Peut-être que ça manque un peu d'émotion pour me plaire en tant que jeu. Ça n'a rien à voir, mais dans le genre critique, DLC Quest était très bien aussi, court mais très ludique.

Note : Après une fin, le jeu a planté et je me suis retrouvé sur Steam. J'ai pensé que c'était un faux bug à la Eternal Darkness mais non ! Voilà à quel point ce jeu brouille les repères.

Note : Après une fin, le jeu a planté et je me suis retrouvé sur Steam. J'ai pensé que c'était un faux bug à la Eternal Darkness mais non ! Voilà à quel point ce jeu brouille les repères.

Haha

Tu as eu combien de fins en tout ? (y en a presque vingt il me semble). En cas je te conseille d'en regarder d'autres sur le net, y en a des vraiment bien trouvées (l'une de mes préférées, mais tu as du l'avoir, c'est celle du compte à rebours). Mais oui, bien sûr l'exercice finit par tourner à vide (et c'est volontaire - il y a une forme d'impuissance pour le joueur, qui est véritablement à la merci de l'oeuvre et n'a, de fait, aucun moyen de la conclure réellement.).

Peut-être que ça manque un peu d'émotion pour me plaire en tant que jeu.

Pour le coup, contrairement à The Stanley Parable qui surtout très drôle, j'ai ressenti une forte émotion, complexe et indescriptible, pendant les dernières minutes de The Beginner's Guide.

Mais je vois ce que tu veux dire. Ce sont quand même des jeux à part, pas forcément au-dessus de tous les autres jeux indés (y en a un tas d'excellents), mais à part.

En effet, on a bien l'impression d'être à la merci de la narration dans la fin que tu cites (tout en se demandant si y a pas moyen d'arrêter tout ça en appuyant sur tous les boutons), c'était même le climax de ma partie. J'ai aussi eu celle où tu visites la « bible » du jeu, sûrement la plus intéressante, celle où on finit écrasé, celle qui se produit quand tu restes dans le bureau au début (des restes d'expériences de débogage !), etc.. Je retenterai un jour, pour voir s'il y en a d'autres accessibles « facilement » (je ne parle pas de celles qui impliquent de faire des actions dans un ordre arbitraire).

Quoi qu'il en soit, ce sont des expériences que je recommanderais autour de moi, ne serait-ce que pour qu'on puisse en discuter.

D'ailleurs, quelqu'un d'autre y a joué par ici ? Florian ?