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Le jazz en général

MessagePublié: 09 Fév 2012, 16:08
par Denys
Un petit article sur un nouveau label jazz, Jazz Village, chez Harmonia Mundi :

Mon premier, en encres lumineuses, avec New York pour décor, s'appelle Blue Moon et a pour héros Ahmad Jamal, l'un des pianistes les plus novateurs du jazz. Mon deuxième, Nothing for Granted, présente la chanteuse Sandra Nkaké, photo en noir et blanc avec micro à l'ancienne, pour un recueil aux airs soul. Mon troisième, le pianiste Roberto Fonseca s'affiche fièrement sous le titre de Yo dans un registre afro-cubain. Ce sont les premiers disques d'une nouvelle maison, Jazz Village, initiative de la société Harmonia Mundi, fondée en 1958, l'une des premières entreprises indépendantes dans le secteur de la musique enregistrée en France.

Fonder un label de jazz dans un marché du disque encore convalescent (- 3,9 % de chiffre d'affaires en 2011 par rapport à 2010), sur un genre qui représente grosso modo 5 % des ventes, cela ressemble au premier abord à une folie. Pascal Bussy, directeur artistique et éditorial chargé du jazz et des musiques du monde chez Harmonia Mundi, s'en amuse. Et tempère cette perception. "Ici, il n'y a pas de folies mais des visions, résultats d'un savoir-faire, une expertise, une histoire en matière de production, d'édition, de distribution. On a vu régulièrement des labels qui montaient en puissance trop vite, accumulaient des signatures sans avoir le temps de les travailler... Ce n'est pas la politique de la maison."

Jazz Village a sur son planning une dizaine de sorties pour 2012. Et entend avancer avec "sagesse ", explique Pascal Bussy, entré dans les métiers du disque chez Island au début des années 1990 puis passé chez la major Warner Music avant de rejoindre Harmonia Mundi en 2006. Le catalogue devra se construire avec un tiers de productions maison et deux tiers de licences - l'achat du droit d'utilisation d'un enregistrement pour une durée déterminée.

Côté dépenses, les budgets varient de 15 000 à 30 000 euros et de 10 000 à 15 000 pour le marketing (publicité, concerts...). Avec un point de rentabilité allant de 8 000 à 15 000 ventes. "Nous avons un réseau fort en France, avec les boutiques de la maison, des accords de distribution monde avec des structures solides. " Un atout indéniable pour Jazz Village dont les responsables travaillent étroitement avec les tourneurs et organisateurs de concerts. La scène est un maillon indispensable à une époque où le disque seul ne suffit plus.

Visuellement, Jazz Village joue sur l'attachement du public du jazz à l'objet disque, même "s'il est possible dans le futur que certaines productions ne soient publiées qu'en numérique". L'équipe de production dirigée au siège social, à Arles, par Christian Girardin, a conçu un logo et une griffe pour le nom du label, et chaque pochette doit évoquer ce que la musique propose. Les enregistrements, le mastering sont suivis avec attention. Tout cela semble évident mais, en matière de jazz, il suffit au journaliste de revenir à la pile des productions envoyées chaque mois pour constater que c'est loin d'être la règle.

Dernier point, la diversité d'approche du label. "Intègre mais pas intégriste", résume Pascal Bussy. Son oeil pétille ; cela pourrait faire un bon slogan.


http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/02/09/une-nouvelle-maison-pour-le-jazz_1641187_3246.html

Vu l'état du marché du CD en France, ça fait plaisir de voir ce genre d'initiatives, d'autant qu'elle semble être accompagnée d'une politique éditoriale cohérente. Le CD d'Ahmad Jamal est vendu 16€90 sur le site de vente en ligne d'Harmonia Mundi, encore moins sur Amazon (13€96), bref, qu'on dise pas que c'est cher !

Re: Le jazz en général

MessagePublié: 10 Fév 2012, 13:39
par François
Tiens, il me semble en avoir entendu la meme chose hier soir au concert de Mr Jamal au théâtre du Chatelet (quel son !). C'est un excellent album (je suppose car je ne l'ai pas encore écouté) alors à ce prix et avec cette volonté de faire changer les choses, je pense que c'est un excellent investissement.

Re: Le jazz en général

MessagePublié: 10 Fév 2012, 14:32
par Denys
Ça m'étonne pas que tu aimes aussi le son de Hiromi Uehara, si je ne me trompe pas, Jamal est son mentor ! 8-)
J'ai entendu parler du live au Châtelet à la radio, ça devait être quelque chose !

Re: Le jazz en général

MessagePublié: 10 Fév 2012, 15:42
par François
Oui, je les avait d'ailleurs déjà vu tout les deux (enfin elle en première partie de lui) à l'Olympia, mais là ... pfff, quelle claque !

Bref, j'ai commandé l'alboume !

Re: Le jazz en général

MessagePublié: 10 Juin 2012, 17:12
par Sam
:idea:

Re: Le jazz en général

MessagePublié: 18 Juin 2012, 16:25
par Sam
:)

Re: Le jazz en général

MessagePublié: 27 Sep 2012, 01:18
par Batoul
Pour ma part je me suis surtout intéressé au jazz des années 60 (et fin des années 50) donc grosso-modo bebop tardif, freejazz et consort (le Coltrane sixties, Archie Shepp etc,...).

Il y a des choses vraiment très intéressantes là dedans. Il n'est pas rare notamment que les musiciens empruntent à l'harmonie modale (on discerne parfois des accords issus de la gamme par tons de Debussy par exemple), surtout quand c'est Bill Evans au piano d'ailleurs, même si, tout ceci étant souvent noyé dans les improvisations, ça reste généralement furtif, le joueur passant d'un type d'accords à un autre sans vraiment laisser le temps au mode en question de s'épanouir, surtout quand il s'agit de se lancer dans un chorus à toute berzingue. Et puis l'aspect très syncopé de leur jeu gomme aussi pas mal le caractère impressionniste qu'aurait pu donner à leur musique l'usage de ce genre d'accords.

Ce qui est amusant aussi, c'est quand il arrive qu'un des musiciens improvise de son côté des accords issus de certains modes et qu'un autre fasse idem, sans trop se soucier de son petit camarade, avec des accords issus d'autres modes.. ça fait parfois naître une sorte de polymodalité "involontaire", ou d'atonalité non préméditée (même s'ils savent pertinemment qu'en procédant de la sorte ils finissent par tomber dans l'atonalité).

C'est d'ailleurs un peu là que se dessinent les limites de l'exercice à mon sens. Les jazzmen demeurant finalement davantage des musiciens que des compositeurs, ils nourrissent surtout des ambitions de musiciens: la performance de leur jeu en particulier, qu'ils complexifient selon les circonstances, que ce soit en se lançant dans des solos endiablés ou bien en s'amusant avec leurs petits camarades...
Là où des artistes qui sont davantage compositeur que musicien vont plutôt nourrir des fantasmes de créateurs: chercher à imaginer et mettre au point des univers musicaux et des climats divers.

C'est ce qui explique notamment que chez les jazzmen des années bebop et freejazz on ne trouve que rarement des initiatives d'orchestration. Jamais au cours d'une session ils ne se disent tiens aujourd'hui on pourrait intégrer des bois, ou bien un marimba ou je ne sais quel autre timbre, désaccorder un piano, ajouter un peu de fantaisie quoi. C'est à mon avis assez révélateur. Le fait qu'ils reprennent la plupart du temps des thèmes préexistants aussi, pour s'amuser avec. Ils ne sont pas vraiment là pour créer des univers, ils cherchent avant tout à délivrer les performances les plus libres. D'ailleurs la musique des uns et des autres se ressemble assez, et c'est surtout leur jeu souvent très personnel qui les différencie et les distingue.


Du coup finalement je préfère tout de même le jazz de compositeurs purs et durs, qui se révèle souvent bien plus fou et imaginatif, celui de gens comme Don Ellis, Colombier, Legrand, Ogermann le jazz expérimental des BO de Sarde ou Schifrin. Tous ont souvent fait du jazz modal et atonal, mais pour le dépasser, aller au delà vers d'autres directions, en l'agrémentant de plein de petites trouvailles de compositeurs, afin de créer des univers et des climats beaucoup plus variés.

Don Ellis va même jusqu'à conserver la tradition des chorus interminables, mais en les agrémentant de quelques folies en plus comme des hurlements gutturaux ou des accompagnements électroacoustiques etc,...

Re: Le jazz en général

MessagePublié: 30 Sep 2012, 08:47
par Batoul
Ça m'étonne tout de même un peu que Denys ne participe pas davantage à ce topic qu'il a lui même créé, surtout que je crois qu'il aime vraiment bien le jazz (d'ailleurs faudrait aussi que tu t'intéresses de près à la musique populaire sud-américaine, c'est un répertoire encore plus fabuleux ! Si tu veux je pourrais t'indiquer quelques-uns des albums les plus ambitieux du genre, incontournables pour les amateurs d'harmonies et modulations retors).

Re: Le jazz en général

MessagePublié: 04 Oct 2012, 23:09
par Ytterbium
J'avais oublié à quel point c'était chiant, de te lire !
Sinon, merci pour le cours, professeur.

Re: Le jazz en général

MessagePublié: 25 Juin 2013, 18:30
par Julien
Quand Hiromi Uehara redéfinit le sens du mot jubilatoire :

http://www.youtube.com/watch?v=55XfGNP_gew

Re: Le jazz en général

MessagePublié: 26 Juin 2013, 05:34
par Denys
Cool, ça fait plaisir ! Je ne suis pas un grand auditeur de ska, mais en live ça donne quand même envie de bouger. Comme j'aimerais entendre ce morceau en live ! :o

Re: Le jazz en général

MessagePublié: 24 Juil 2013, 11:49
par Julien

Re: Le jazz en général

MessagePublié: 01 Août 2013, 10:53
par Sam
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Re: Le jazz en général

MessagePublié: 07 Août 2013, 16:52
par Ytterbium
Même s'il n'a pas fait que du jazz, et est même un très grand nom soul et funk, nous avons appris hier le décès de George Duke. J'ai eu la chance de le voir en concert, mais pas suffisamment... je suis un grand admirateur depuis quelques temps, sa mort me peine beaucoup.

Dur de faire un grand discours sur un artiste aussi incontournable. Découvrez sa discographie, elle vaut le coup : http://fr.wikipedia.org/wiki/George_Duke

Sur Spotify, vous avez pas mal de choses. Si je dois conseiller trois albums, ça serait ceux-là :

Album d'époque, 1979, très funk : http://open.spotify.com/album/1jB9cBrcdbiZuI2NMjbyQO
Album récent (le dernier), 2013, très jazz : http://open.spotify.com/album/2rMC80T5q375nIUHX2tLFm
Collaboration mythique, avec Stanley Clarke, premier de trois albums chez le légendaire label Epic, 1981, jazz/rock/funk : http://open.spotify.com/album/0epO2c4fFaUPdcIdqIAtOI

Re: Le jazz en général

MessagePublié: 08 Août 2013, 12:09
par Sam
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