Ça c'est la meilleure ^^ .
Reconnais tout de même que ton message donne un petit peu l'impression de couper les cheveux en quatre. Parce qu'à ce compte là ni la musique baroque n'existe (après tout quel rapport entre un compositeur du XVIIème siècle, qui tâtonne encore dans la recherche d'une organisation convaincante autour de l'accord en tant que cellule de base, et des compositeurs comme Rameau ou Bach qui établissent enfin une théorie de l'harmonie plus formelle au XVIIIème siècle ?), ni l'ère classique (encore plus floue), ni l'ère romantique (et le post-romantisme on le classe où alors ?).
Pourtant on constate bien la réalité esthétique de ces courants, et les nombreuses occurrences qui viennent témoigner de certaines caractéristiques formelles. Tout ça est tellement évident, à vrai dire, qu'on les perçoit tous instinctivement.
Heureusement que nous disposons de mots pour nommer toutes ces notions esthétiques. C'est à ça que servent les mots: permettre de désigner des notions ou concepts perceptibles.
C'est quand même original de nier l'existence d'un mouvement aussi célèbre et florissant que l'impressionnisme, animé en son temps par tous les Debussy, Ravel, Koechlin, Roussel, Caplet, De Falla, Mompou, Lili Boulanger, Poulenc, Milhaud ou tant d'autres encore, et dont l'héritage esthétique trouvera des ramifications jusque chez des gens aussi divers que Stravinsky, Messiaen, Bartok, Villa-Lobos, Takemitsu, Jean-Louis Florentz, le futurisme russe de Scriabine ou Roslavets, la bossa nova, certaines pièces de jazz modal etc...
Un mouvement qui plonge ses racines dans l'influence des Fauré, des Chabrier, des Massenet. On peut même estimer que lorsqu'un Berlioz écrit "L'Enfance du Christ" à la toute fin de sa carrière, dans les années 1860, et qu'il participe à émanciper le concept harmonique de son carcan Majeur/Mineur, afin d'en étendre l'usage à des modes plus divers et variés (qui dans le passé n'étaient encore utilisés que de manière mélodique ou polyphonique), il pose par là même quelques premières pierres à l'édifice d'une forme d'harmonie modale que l'impressionnisme, un peu plus tard, participera à démocratiser très largement.
L'impressionnisme compte parmi les mouvements que je préfère dans l'histoire de la musique, et nous sommes des millions dans mon cas. Il ne manquerait plus que ça que l'impressionnisme n’existe pas
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ps: en revanche on ne trouve pas la moindre trace d'impressionnisme dans la musique baroque ou classique, et guère plus dans la musique romantique. Leur usage de la forme harmonique est encore trop strict dans le respect des modes majeurs et mineurs. Je n'ai d'ailleurs jamais rencontré personne qui ait eu recours à la notion d'impressionnisme pour évoquer le baroque, le classique ou le romantique. Les univers esthétiques sont trop distincts les uns des autres, quand bien même les oeuvres transitoires présentent des contours plus flous.