Musique Classique

[Batoul]

Depuis quelques jours je suis en train de me faire une orgie de Berlioz. Je réécoute toutes les œuvres que j'avais en ma possession. Ça faisait une éternité que je n'avais plus posé les oreilles dessus, mais la lecture récente du Monsieur Croche de Debussy m'a donné envie d'y replonger. Y a pas à dire, ce gars là est vraiment le père fondateur de la musique romantique moderne telle que la pratiqueront, notamment, des gens comme Wagner et Liszt à sa suite (bien que Liszt hérite aussi de Chopin, un autre père fondateur, celui du piano romantique moderne).
De plus non content de poser les bases et de définir les standards du genre (notamment au plan instrumental, puisque c'est tout de même peu ou prou le géniteur de l'orchestre romantique), il se paye le luxe de régulièrement nous régaler de trouvailles orchestrales et autres bizarreries harmoniques qui font le sel et le génie de ses partitions !

Pour moi Berlioz est au romantisme ce que Debussy est à l'impressionnisme (tandis que des gens comme Beethoven, Schubert et Weber seraient l'équivalent des Chabrier et autres Fauré qui préparaient le terrain et assuraient la transition d'un âge vers un autre,... y'aurait d'ailleurs beaucoup à dire sur le génial Chabrier, mais ça c'est un autre sujet !).


Quelques extraits pour ceux qui, peut-être, le connaitraient mal:
- Le Corsaire
- Symphonie Fantastique (ce dernier mouvement est d'une originalité esthétique épatante pour 1830, un joyau !)
- Roméo et Juliette: extrait 1 & extrait 2 (écoutez le traitement orchestral de ce scherzo)
- Requiem (Arf, ça décoiffe ça madame !)
- L'Enfance du Christ
- Les Troyens
- Tristia
- Harold en Italie
- La Damnation de Faust: extrait 1 & extrait 2 & extrait 3
- Lélio (écoutez moi ça comme c'est beau !)



Ha si, petit détail qui a son importance: d'ordinaire je ne suis vraiment pas à cheval sur l'interprétation, mais dans Berlioz il vaut mieux éviter Colin Davis (et son rendu souvent pateux: il arrive même à rendre ennuyeux un chef d'oeuvre comme Roméo et Juliette ! Un comble) et privilégier Munch, Ozawa et Markevitch, voir même Dutoit (pour les ouvertures un peu rares du genre Les Francs-Juges ou Waverley), peut-être aussi Abbado (pour le Te Deum).
En revanche (paradoxalement) la version Davis pour la Damnation de Faust est l'une des meilleures au disque (avec celle de Markevitch qui fait assez l'unanimité pour sa part).

[Batoul]

J'en profite pour signaler que ce site est une vraie mine d'or en ce qui concerne tout ce qui entoure le compositeur:
http://www.hberlioz.com/BerliozAccueil.html

Y sont consignés notamment nombre de ses écrits ou critiques, dont par exemple de larges extraits de sa correspondance avec Wagner (que je suis en train de parcourir à l'instant, c'est très amusant).

[Florian]

J'ai vu que la semaine prochaine (mercredi ou jeudi, au choix), il y a un concert concerto pour piano 5 de Prokofiev + symphonie Leningrad de Chostakovitch à la salle Pleyel :

http://www.sallepleyel.fr/francais/conc ... er-toradze

Je rappelle que ce concert a lieu ce soir (avec un tout petit changement de programme : le concerto n° 5 de Prokofiev est remplacé par le n° 3) ! Damien et moi y serons, et il reste plein de places, si quelqu'un veut éventuellement tenter une place de dernière minute.

[Florian]

Vendredi dernier, Jazzman et moi-même étions à la salle Pleyel pour assister à un fort joli concert du Philharmonique de Radio France dirigé par mon chouchou Mikko Franck, au cours duquel furent jouées des œuvres d'un compositeur très très rare dans les salles de concert françaises, le finlandais Einojuhani Rautavaara (ça s'écrit comme ça se prononce). Nous avons donc notamment entendu son Cantus Arcticus, composé en 1972. Une œuvre pas banale puisqu'il s'agit d'un concerto pour... oiseaux et orchestre (rep a sa Bruno Coulais), qui intègre donc à son instrumentation des cris d'oiseaux enregistrés dans le nord de la Finlande, notamment près du cercle polaire, d'où le nom de la pièce. Écoutez, c poétik.

Si jamais vous aimez bien et que vous avez envie de découvrir encore un peu plus Rautavaara, le Philhar et Franck reviennent après-demain (vendredi) à Pleyel pour donner en création française sa symphonie n° 8 "The Journey". Places dispo à partir de seulement 10 euros. Oh, et pour le même prix, vous aurez aussi droit à deux immenses chefs-d'œuvre de Debussy, les "Jeux" et les "Nocturnes", eux aussi relativement rares en concert ! À ne pas rater, donc ^^

[Cactus]

Je ne connaissais pas du tout Rautavaara, merci pour la découverte (tous ces chants d'oiseaux... Il a communiqué avec Messiaen au cours de sa vie?)!
Et joué avec Debussy, c'est vrai que c'est appétissant!

[Denys]

Faut pas oublier le rossignol (enregistré !) des pins de Rome de Respighi, c'est non seulement magnifique mais aussi assez audacieux pour l'époque !?

En tout cas, une nouvelle fois, crève, Florian. J'adorerais aller voir tous ces concerts, mais le seul concert que j'entends ici, c'est celui des grenouilles le soir.

[Florian]

Eh bien finalement, pas la peine d'être trop jaloux, Denys : le concert de ce soir est annulé

Je suis déception.

[Julien]

Pour ma part, je vais assister à ceci ce soir (et gratuitement !) : http://www.auditorium-lyon.com/Saison-2 ... Got-Rhythm

J'espère que ça sera chouette !

[Florian]

Kassdédi pour Fanny : un petit message pour présenter un des mes compositeurs préférés de l'univers, très injustement méconnu en France (comme nombre de ses compatriotes Anglais...) : Ralph Vaughan Williams ! Compositeur né en 1872, qui fut pendant quelques mois, au début de sa carrière, l'élève de Maurice Ravel. On dit que Ravel ne tarissait pas d'éloges sur Vaughan Williams, le plus beau compliment qu'il lui faisait étant de dire qu'il était le seul de ses élèves "qui n'écrivait pas comme Ravel" !

Sa musique se caractérise en général par une grande liberté stylistique, mais qui s'accompagne aussi toujours d'une certaine recherche d'épure et de simplicité. C'est ce qui fait qu'on dit souvent de ses œuvres qu'on n'arrive pas vraiment à savoir si elles sont très novatrices, ou au contraire très académiques. Cette ambiguïté permet à la musique de RVW d'être à la fois très "terre-à-terre" et très mystique, à la fois très humble et profondément spirituelle. Je pense que c'est ça qui la rend si bouleversante à mes oreilles, notamment dans ses pages les plus paisibles et sereines, dont yé vous propose trois exemples :

- The Lark Ascending, "romance pastorale" pour violon et orchestre, inspirée du poème du même nom de George Meredith. N'est-ce pas prodigieux de faire quelque chose d'aussi expressif avec une simple gamme pentatonique ?!
(EDIT> Apparemment la vidéo passe pas sur toutes les plateformes, donc, dans le doute, en voici une autre.)

- Serenade to Music, pièce pour 16 chanteurs solistes et orchestre, mise en musique d'un texte adapté d'une scène du Marchand de Venise de William Shakespeare. "How sweet the moonlight sleeps upon this bank! Here will we sit and let the sounds of music creep in our ears..."

- Et pour finir en beauté, ma préférée qui m'arrache les larmes à chaque fois : troisième mouvement ("Romanza") de sa symphonie n° 5.


VOILI VOILOU

[Cactus]

Merci pour cette découverte, c'est incroyable la variété stylistique dont il fait preuve (rien sur les trois extraits que j'ai écoutés), dans The Lark Ascending, il me rappellerait presque Grieg par moments!

[Adelta]

C'est vrai que c'est assez incroyable ! Avec "The Lark Ascending", je trouve que la "monté en puissance" est vraiment impressionnante. Et puis ça déborde d'émotion, tout en évoquant une certaine sérénité...... J'adore !

[Florian]

Arf les gens, vous connaissez Jean Sibelius ? J'ai ré-entendu sa deuxième symphonie il y a quelques jours en concert, et purée, c'est vraiment une des œuvres "classiques" les plus jouissives que je connaisse. Pas forcément sa composition la plus aboutie, mais clairement la plus puissante, la plus immédiatement prenante. Dès les premières mesures, il y a comme un élan, un souffle, qui t'emporte aussi sec dans une narration à la fois grandiose et parfaitement simple et évidente.

Et puis alors ce final. Non mais vraiment, ce final. C'est pas compliqué, j'ai jamais rien entendu d'aussi euphorisant de toute ma vie.
https://www.youtube.com/watch?v=IPd9znWgGLk
L'énorme hurlement triomphal qui démarre à 43:30, si ça vous colle pas la chair de poule, je sais pas ce qu'il vous faut !!!


(Fun fact : Ralph Vaughan Williams était un fervent admirateur de Sibelius, à qui il a d'ailleurs dédié sa symphonie n° 5 ^^)


EDIT> S'il y a des Parisiens que ça brancherait d'entendre cette symphonie en vrai (et croyez-moi, ça vaut le coup), elle sera jouée par l'Orchestre de Paris en mars prochain à la Philharmonie de Paris. Et en plus, comme vous pouvez le voir, les billets sont franchement pas chers. Surtout pour les moins de 28 ans (ta gueule, Yaku).

[Florian]

Permettez-moi d'interrompre vos programmes de l'après-midi avec un peu de Gustav :




Purée, le choral des cuivres au début. Puis sa reprise au chant à 2:00. "J'aimerais plutôt être au Ciel", qu'elle dit la madame. En ce qui me concerne, j'y suis déjà.

[Julien]

Je ne connaissais pas, et c'est vraiment beau. Merci pour la découverte !

[Jérémie]

wai c klr