Final Fantasy déchaîne toujours les passions. Avec ses partis-pris radicaux, le treizième épisode ne fait pas exception et ne laisse personne indifférent. En composant l’OST, Masashi Hamauzu, assez méconnu du grand public malgré plusieurs travaux de qualité chez Square, a fait table rase du passé et s’est affranchi des thèmes récurrents de la série (à part le thème des Chocobos) : un sacrilège pour certains ! Je ne suis pas de ceux-là, surtout au regard de la qualité globale de la bande son. Hamauzu nous emmène dans un monde onirique, un monde qui lui appartient ; il déploie littéralement sa virtuosité de manière égale quatre vingt cinq pistes durant. Un piano bondissant par ci, un violon tourbillonnant par là. Des voix enivrantes, de la bossa-nova, des rythmes électro percutants. Du blues nostalgique et de puissants chants guerriers. Des envolées orchestrales et des ambiances planantes. Quoi qu’il fasse, Hamauzu flirte avec l’excellence. Que ce soit pour les pistes orchestrales, ou celles enregistrées en studio, l’écriture raffinée et le son pur des instruments comblent nos oreilles à chaque seconde. Instruments qui, d’ailleurs, sont en nombre conséquent et très variés : on passe facilement d’une guitare sèche à un harmonica, une flûte à bec ou un mukkuri*. Portée par un thème principal fort, l’OST demeure malgré tout très homogène.
Mais au-delà du bon voire de l’excellent, certaines pistes semblent toucher au divin. La montée en puissance du thème de combat, « Blinded by Light », suivie de l’explosion du violon à 0’35, sont particulièrement fabuleuses. Les autres morceaux de combats ne sont pas en reste, de la dramatique « Saber’s Edge » – le thème de boss absolu ? – à l’électro-rock « Will to Fight » en passant par la vigoureuse « Born Anew » et ses chœurs latins. Pour contre-balancer ce déferlement de puissance, plusieurs pistes d’ambiance contemplative parsèment l’OST. La voix de Mina, les sonorités électro, les petites notes de piano, tout est fait pour nous emmener dans un monde éthéré fait de nuages et de neige. « Dust to Dust » et « Gapra Whitewood » sont deux exemples de parfaite relaxation made in Hamauzu qui subliment également les décors qu’ils accompagnent dans le jeu. On pourrait encore en citer beaucoup, tant les chefs-d’œuvre sont nombreux (« The Yaschas Massif », « Promised Eternity », « Fighting Fate »…), mais est-ce vraiment nécessaire ? Vous l’avez compris, j’aime cette OST. Même « Kimi ga Irukara », la chanson de fin pleine d’amour et de joie, s’avère très agréable alors qu’elle me laissait de marbre au début ! Pour prouver mon intégrité, je me plaindrais juste de ceci : il y a beaucoup de reprises du thème principal. Aussi génial soit-il, c’est un peu lassant, à force. Enfin, ce n’est qu’un détail. L’OST de l’année ? Assurément.
Appréciation : Excellent
*Le mukkuri est une guimbarde aïnou traditionnellement réservé aux femmes que l’on peut entendre dans « Taejin’s Tower ».