Critique : Black Ocean

Jaquette de Black Ocean

Le groupe Imeruat nous livre enfin son premier album Black Ocean après un single des plus enthousiasmants ! Épaulé par son fidèle entourage (Mitsuto Suzuki, Toru Tabei etc.), Masashi Hamauzu plonge rapidement ses habitués en terrain connu car la patte du compositeur est présente avec plus de radicalité encore que dans ses précédents travaux. Ce ne sont pas l’hypnotisante « Left » et ses nombreux bruitages téléphoniques ou le beat très électronique et l’ambiance feutrée et progressive de « Black Ocean » qui me feront mentir ! En dehors de ces expérimentations, on retrouve également l’amour de Hamauzu pour les cordes et le piano, un amour on ne peut plus communicatif lorsque les grandioses « Giant » et « Imeruat » se font entendre !

Mais Imeruat, c’est avant tout une vision moderne de la musique aïnoue. Cette dimension-là est insufflée par Mina, descendante de ce peuple, qui, en plus de sa voix, parsème le disque de ses interprétations de tonkori et mukkuri. Une touche dépaysante pour nos oreilles d’Européens mais qui se laisse apprivoiser avec grand plaisir. Qu’elle soit enfantine sur la balade « Morning Plate », fragile sur « Little Me » ou qu’elle adopte un ton plus traditionnel sur « 6Muk » ou l’entrainante « Battaki », Mina arrive brillamment à adapter sa voix douce sur les différents styles composés par son acolyte. Nage-t-on alors en plein bonheur ? Cela serait oublier que cette immersion se voit malheureusement écourtée plusieurs fois par la faible durée de certaines pistes et leur nombre relativement peu élevé. L’auditeur affamé restera donc sur sa faim mais y trouvera en compensation un album aux couleurs variées et souvent lumineuses, contrairement à ce que pouvait augurer le titre.

Le raffinement et la diversité de Final Fantasy XIII, l’humeur joviale de SaGa Frontier II, l’étrangeté expérimentale de Unlimited SaGaBlack Ocean, c’est un peu tout ça à la fois. Mélangé à la saveur aïnoue qu’apporte Mina, on ne peut refuser cette invitation dans l’imaginaire du duo qui, libéré de la contrainte de l’image, réussit à imposer son propre paysage : un océan musical enivrant et constamment renouvelé qu’on ne se lasse pas de parcourir. Jusqu’à la fin du monde.

Avis : Très bon

Coups de cœur :

  • Morning Plate
  • Imeruat (remastering version)
  • Battaki

IMERUAT – Black Ocean
Premier album du duo IMERUAT.

Date de sortie : 29 juin 2012
Prix : 15 euros
Référence : WAYO-001 (publié par Wayô Records)

Composition : Masashi Hamauzu
Arrangements : Masashi Hamauzu, Toru Tabei, Mitsuto Suzuki
Interprétation : Masashi Hamauzu (piano), Mina (chant, tonkori, mukkuri), Toru Tabei (guitare), Mitsuto Suzuki (synthétiseurs), Ippiqui Takemoto (percussions), Hijiri Kuwano (violon)

Acheter le disque sur le Wayô Shop