Etre en charge des musiques d’un Final Fantasy n’est jamais chose aisée. Une contradiction oppose en effet la volonté d’évolution constante de la série et les attentes (trop ?) élevées des fans, qui ont pour le coup un peu vite estampillé la BO « J-Pop » – à tort.
De par son statut particulier, XIII-2 jouait déjà sur un terrain miné avant même que le(s) compositeur(s) ne soi(en)t annoncé(s). Sur le papier, marier les styles de Hamauzu, Suzuki et Mizuta semblait improbable ; dans les faits, le résultat force le respect. Il y a tout d’abord Hamauzu, dont les quelques compositions font, sans surprise, écho à l’excellence électro-acoustique des meilleurs moments de XIII ; « Eternal Fight », avec sa construction progressive et ses nappes de cordes, est un bel exemple. Mais c’est vers les deux autres qu’il faut aller chercher la réelle nouveauté, et on peut se demander s’ils se sont fixé une limite. Il est probable que non. De Final Fantasy, on ne retrouve que le thème des Chocobos. Le reste est un concentré d’audace sans compromis pour les fans, sans frontières musicales, à tel point que tous les genres y passent. Pêle-mêle : l’électro brut, le heavy metal, le jazz, le rap. Du jamais-entendu dans un FF, dites-vous ? Bah, peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. Mais ce n’est pas tout.
D’ordinaire, les musiques d’un RPG sont en adéquation avec l’univers visuel qu’elles habillent, mais pas ici. Non, dans XIII-2 ce qui accompagne le joueur, c’est de la musique, qui pétille et fait bouger les hanches, joyeux joyau de la créativité humaine. C’est varié, frais, peut-être pas tout le temps dans le ton juste, mais débordant d’une énergie communicative extraordinaire. Peu importe que quelques morceaux soient ratés ou un peu – trop – en décalage avec le reste, l’essentiel de la bande son respire l’amour de la musique, savoureux mélange d’instruments mécaniques et de sons électroniques.
Bien sûr, tout n’est pas rose dans le monde de XIII-2, aussi certaines pistes sont plus mesurées, tant dans leur mélodie que leurs instruments. Le thème de Noel, qui est aussi le thème principal du jeu, propose par exemple quelques variations douces, dont celle rythmée par des « la la la » apaisants (CD1-12). Preuve d’une certaine audace, on trouve à ce propos beaucoup de chansons, la plupart accompagnant les phases d’exploration et se divisant en deux parties, la « normale » et la « Aggressive Mix ». Si celles de Mizuta se suivent sans véritable cohérence, celles de Suzuki s’enchaînent à merveille pour ne former d’une seule piste. La meilleure illustration est sans doute « Eclipse » qui accompagne les Monts Yaschas, ou quand la tristesse vespérale se transforme en pêche absolue. Il faut quand même préciser que trop d’audace peut tuer l’audace. À force, entendre ces chansons devient banal voire fatigant. Certaines pistes sont aussi assez quelconques, ce qui est néanmoins normal vu le volume de la BO.
Heureusement, ces petits accrocs ne suffisent pas à gâcher la fête musicale qu’est XIII-2 : un festival d’idées risquées mais assumées, comme pour mieux se détacher des carcans auto-proclamés du RPG. Ça ne plaira pas à tout le monde, mais il faut saluer la prise de risque – et le talent.
Clément
Avis : Excellent
Coups de cœur :
- Eternal Fight
- Run
- Eclipse